Quand on écoute la réponse de Jean-François Copé à la question « Combien coûte un pain au chocolat? », on ressent comme une sorte de gêne…
Gênant, son rire au début, un peu, non? Enfin surtout quand on sait qu'après, Jean-François Copé, candidat à la primaire de la droite, pour devenir président de la République, se trompe de prix par un facteur 10. Cela dit, c'était quand même déjà un peu un rire de gêne rapport à la polémique de 2 012… Souvenez-vous, déjà il était question de pain au chocolat et celui qui était alors candidat à la présidence de l'UMP avait évoqué le cas d'un jeune qui s'était fait « arracher son pain au chocolat par des voyous sous prétexte qu'on ne mange pas pendant le ramadan »… Sale histoire avec multiples rebondissements et plainte du CFCM…
Enfin tout ça, c'est derrière lui, alors Jean-François Copé rit, jaune certes, mais il rit…
Et là, la gêne commence à amener la perte de moyens: « Mais, mais… »
Et puis tout d'un coup, Jean-François Copé entend la chroniqueuse à ses côtés dire « ça dépend des… » Et là espoir, porte de sortie, Jean-François Copé fait comme on a tous fait une fois en cours quand on n'avait pas bien révisé, ou comme Christian sous le balcon de Roxane, il répète ce qu'il entend, « ça dépend des tailles »! Oh la la, mais oui, mais non, c'était « boulangerie »… ça dépend des boulangeries! Sauf qu'il s'était lancé Jean-François, il faut enchaîner, il rebondit sur son « ça dépend des tailles » et lance, mal assuré, une réponse hors des réalités: « aux alentours de 10 ou 15 centimes d'euros peut être. »
Et là tout de suite, il le sait, il s'est planté: « non, c'est plus que ça. »
Oui, c'est plus que ça, Jean-François, beaucoup plus, 10 fois plus… Et autant franchement, ne pas savoir le prix d'un pain au chocolat, pourquoi pas, peut être les achète-t-il par paquet de 8 au supermarché, peut être n'aime-t-il pas ça, est-ce vraiment un produit de base? Oui, mais alors se tromper à ce point… ça voudrait dire qu'un pain au chocolat coûte 8 fois moins qu'une baguette… Et quand bien même monsieur Copé serait allergique au gluten et ne mettrait jamais les pieds dans une boulangerie, qu'est ce qu'on peut s'offrir avec 10, 15 centimes, aujourd'hui?
Enfin, il faut enchaîner, tant pis, et après un petit moment de perte de moyens, on notera deux belles trouvailles stratégiques:
1) L'humour: je ne mange pas de pain au chocolat, ça fait grossir « je ne vais pas en acheter très souvent parce que vous pouvez l'imaginer, il faut faire un peu attention, c'est un peu calorique. »
2) Et petit 2, changer de débat: « il y a des endroits où ça s'appelle des pains au chocolat en France et des endroits où ça s'appelle des chocolatines. »
La petite question de Michael sur Facebook aura valu à Jean François Copé un petit buzz médiatique.
Et ça m'amène, moi, à me poser plusieurs questions:
Est-ce que le Français moyen achète encore régulièrement un pain au chocolat dans une boulangerie? Est-ce que c'est pas un peu bourgeois d'un autre temps, finalement, comme scandale? Est-ce que c'était vraiment une bonne idée d'en remettre une couche sur Twitter, monsieur Copé, avec une photo ultra-kitch avec des tas de fruits et légumes? Il en dirait quoi, Joe Dassin? C'est quoi ce monde où les hommes politiques sont si loin du quotidien (cf. le ticket de métro à 4 euros de NKM)? Et aussi, c'est quoi ce monde où des milliers de personnes sont en train d'être transférées d'un camp boueux où elles vivaient depuis plusieurs années vers un autre endroit d'hébergement provisoire, où elles ne connaitront personne et d'où il faudra qu'elles partent dans quelques mois et où la presse parle de pain au chocolat?
