Pascal Gauchon : rompre avec la sujétion à l’Amérique

Pascal Gauchon : rompre avec la sujétion à l’Amérique
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Comment appréhender avec réalisme le rôle des Etats-Unis à travers le monde? Et celui de la Russie? Nous nous sommes entretenus avec Pascal Gauchon, universitaire et Rédacteur-en-chef de la revue Conflits.

Edouard Chanot et Jean-Baptiste Mendès ont accueilli en studio Pascal Gauchon, universitaire et Rédacteur en chef de la revue Conflit, réputée pour sa qualité et son réalisme, dont le numéro automnal est intitulé « La Russie et nous » et dont le dernier hors-série est titré « Les visages de la puissance américaine ».

Pour notre invité, « rompre avec une situation de quasi-sujétion à l'Amérique » suppose demieux saisir l'évolution des fondements de la puissance américaine: de « l'industrie dans les années 50, aux services immatériels et technologiques », voire « à l'empire du droit ».

Critiquant l'interventionnisme américain au Proche-Orient, fondé sur l'idée d'« un pays qui serait l'image des Etats-Unis dans la région et séduirait à son tour d'autres pays », Pascal Gauchon a tenu à rappeler l'impact de la géographie: « une grande différence existe entre les Etats-Unis et nous : Les Etats-Unis sont loin du Proche-Orient, l'Europe en est proche. Nous subissons davantage tous ces troubles créés par l'intervention américaine. Tout ce qui déstabilise le Proche-Orient nous déstabilise, ce qui n'est pas le cas des Etats-Unis. »

La France et la Russie, les deux pays extrêmes du continent européen

« Il y a différentes façons de voir la Russie, a-t-il poursuivi : c'est une évidence, c'est une grande culture — si l'on date sa naissance à la bataille de Koulikovo, qui a maintenant six ou sept siècles d'histoire, qui partage avec nous certaines caractéristiques — c'est un pays chrétien, une chrétienté orthodoxe qui n'est pas la chrétienté catholique ou orthodoxe de l'Europe de l'Ouest, mais c'est quand même essentiel. C'est un grand pays avec lequel l'Europe en général et la France en particulier, a entretenu des relations fortes, et ceci de façon ancienne. J'en viens à une seconde vision des choses, essentielle : il existe une continuité géographique. Alors que l'Atlantique nous sépare des Etats-Unis, il n'y a pas de lieu où l'on peut dire que l'on quitte précisément le monde européen pour entrer dans un autre monde. Nous sommes voisins, nous habitons la même maison. Il y a par ailleurs une originalité : nous sommes les deux pays extrêmes du continent européen, ce qui a conduit historiquement à des relations fortes (…) »

Une « logique suicidaire »


« Il faut bien reconnaître que c'est un peu [la guerre froide entre la Russie et l'Amérique] » déclare-t-il. Dubitatif, Pascal Gauchon qualifie la logique de l'Amérique à l'égard de la Russie de « suicidaire » : il y voit de nouveau l'influence de néoconservateurs qui plaident pour contrer la menace du « heartland », c'est-à-dire d'un continent européen unifié, et d'intérêts financiers davantage liés à la Chine. 

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