S'il remportait ce seul État, il pourrait avoir une influence conséquente sur l'élection du futur président car cela empêcherait Donald Trump d'obtenir le nombre requis de délégués et transférerait l'élection du président au congrès américain où elle dépendrait alors de l'establishment républicain.
« Si vous n'avez jamais entendu parler de cet homme, vous n'êtes pas le seul. Mais ses chances de remporter la victoire dans l'Utah sont très grandes », écrivait le 13 octobre la revue en ligne Five Thirty Eight.
Un sondage de la CBS publié le 16 octobre a révélé que dans l'État mormon, 20 % des électeurs seraient prêts à voter pour ce candidat peu connu, soit autant que pour Hillary Clinton. Trump y bénéficie pour l'instant d'un plus grand soutien (37 %) mais c'est bien l'électorat républicain que vise aujourd'hui McMullin, qui se positionne comme « de centre-droit » et « officier patriote ».
La notoriété du « troisième homme » n'est pas encore élevée car il a rejoint la campagne seulement le 8 août 2016, mais elle monte en flèche: il y a encore un mois McMullin n'était crédité que de 9-12 % des intentions de vote dans l'Utah.
Sur fond de révélations publiques entre les républicains et les démocrates, la popularité du troisième candidat qui est né, a étudié et travaillé dans cet État pourrait grimper et il aurait alors toutes les chances de remporter la victoire dans l'Utah — voire dans d'autres circonscriptions électorales. Le média Politico rappelait en septembre qu'au vu de son arrivée tardive, McMullin ne pourrait s'enregistrer que dans seulement six autres États de l'Ouest comme l'Idaho, l'Iowa ou encore l'Arkansas. Cette nuance n'est pas anodine.
La victoire éventuelle d'un candidat qui ne représente aucun des deux grands partis, même dans un seul État, semble assez révolutionnaire pour les États-Unis. Surtout, la revue souligne qu'« il s'agit de créer une situation où le 45e président sera élu parmi les candidatures de Clinton, de Trump et de McMullin ». Mais élu par qui?
The National Review rappelle que si l'un des candidats ne remportait pas le nombre nécessaire de voix de délégués au premier tour, l'élection serait transférée au congrès américain où dominent les délégués dirigés par l'establishment républicain. Le leader des républicains au congrès, Paul Ryan, a refusé récemment son soutien à Trump et les experts mettaient en garde contre un tel scénario début août en citant le nom d'un éventuel troisième candidat, lui aussi mormon: Mitt Romney.
Diplômé de l'université mormone Brigham Young, spécialisé en droit international et diplomatie et après avoir travaillé en tant que prédicateur mormon en Amérique du Sud, après les attentats du 11 septembre 2001 McMullin a suivi une formation à la CIA pour être envoyé en qualité d'agent au Moyen-Orient sous la couverture d'un employé de l'Onu pour les réfugiés en Jordanie.
McMullin n'est pas tout à fait un néophyte des arcanes politiques américaines. Étroitement lié à la CIA, il a des affinités avec beaucoup de « faucons» .
Diplômé de l'université mormone Brigham Young, spécialisé en droit international et diplomatie et après avoir travaillé en tant que prédicateur mormon en Amérique du Sud, après les attentats du 11 septembre 2001 McMullin a suivi une formation à la CIA pour être envoyé en qualité d'agent au Moyen-Orient sous la couverture d'un employé de l'Onu pour les réfugiés en Jordanie.
Il a occupé des postes politiques à responsabilité en tant que républicain: en 2013 il devient conseiller principal des républicains sur les questions de sécurité nationale pour le congrès et est nommé en 2015 directeur de la recherche pour la House Republican Conference. Par ailleurs, en 2014, McMullin était un « acteur clé dans le travail avec l'opposition syrienne » afin de créer pour l'opinion publique occidentale des preuves des « cruautés du régime d'al-Assad » visant à préparer les esprits à une invasion militaire américaine de la Syrie.
Comme l'ont récemment rappelé les partisans de Trump, McMullin faisait notamment partie de la délégation du congressiste Adam Kinzinger qui a organisé le 25 septembre 2014 sur le territoire turc une réunion avec une vingtaine d'opposants syriens de premier plan. Un autre faucon républicain, le sénateur John McCain, travaillait également avec ces opposants à l'époque.
Il est facile de comprendre que derrière cette manœuvre se trouvent les opposants de Donald Trump au sein de l'establishment républicain — ceux qui sont prêts à aller jusqu'au bout pour empêcher un candidat hors système d'arriver à la Maison blanche — McCain et Kinzinger, par exemple. Ce dernier a déclaré mi-août qu'il était inacceptable de coopérer avec la Russie (ce que Trump appelle à faire) même pour vaincre Daech, organisation interdite en Russie.
Cette candidature est également révélatrice du rôle que continue de jouer la religion aux USA. La presse a déjà écrit récemment sur les tentatives insistantes de Trump de s'assurer l'appui des catholiques conservateurs, rappelant le rôle que ces derniers peuvent jouer dans la victoire dans plusieurs États du Nord-Est hésitants entre les démocrates et les républicains.
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