Frank-Walter Steinmeier, actuellement ministre allemand des Affaires étrangères, pourrait être le nouveau président du pays, soulignait l'hebdomadaire Der Spiegel début octobre. Ce déménagement éventuel de Steinmeier au palais présidentiel serait avantageux pour la chancelière Angela Merkel, qui se débarrasserait ainsi de son rival principal avant les élections législatives de l'automne 2017. Lenta.ru analyse la probabilité d'un tel événement et son influence possible sur la situation politique dans le pays.
Un candidat presque idéal
« Nous avons besoin d'un homme capable de prendre part à des débats sérieux et de représenter les intérêts de toutes les couches de la société, d'un poids-lourd politique »: c'est ainsi que Volker Kauder, président du groupe CDU/CSU au Bundestag, a décrit à Der Spiegel les critères que devait remplir, selon lui, le candidat idéal à la présidence du pays. Personne n'a encore avancé de nom concret mais les journalistes de l'hebdomadaire pensent à Frank-Walter Steinmeier, actuel ministre des Affaires étrangères.
La nomination éventuelle de Frank-Walter Steinmeier serait renforcée par son expérience politique de 20 ans qui l'a vu passer aux postes de directeur de la chancellerie de Basse-Saxe, directeur de la chancellerie fédérale de Gerhard Schröder, ministre des Affaires étrangères de deux grandes coalitions sous Angela Merkel et chef du SPD (septembre-octobre 2008).
Selon les sondages de ARD-Deutschlandtrend commandés par Deutsche Welle, il est également considéré comme l'homme politique le plus populaire du pays avec 75 % de réponses positives. Il est suivi par Wolfgang Schaeuble (63%), ministre des Finances, et la chancelière Angela Merkel qui a réussi à faire remonter sa popularité de 45% à 54% le mois dernier.
Pas du bon parti?
Mais la candidature de Steinmeier à la présidence allemande n'est pas non plus totalement évidente. Son appartenance au SPD pourrait être un obstacle majeur: il est peu probable que le bloc CDU/CSU d'Angela Merkel accepte un social-démocrate à ce poste. Selon Vladislav Belov, chef du Centre d'études allemandes de l'Institut de l'Europe affilié à l'Académie des sciences de Russie, le parti dominant a ses propres candidats même s'ils sont moins populaires que Steinmeier: « Aujourd'hui il est le candidat le plus probable à ce poste et les délégués pourraient voter pour lui dès le premier tour. Il serait cependant difficile, pour Angela Merkel qui se laisse guider par des raisons politiques et les intérêts de son parti, de faire un tel choix et de soutenir sa candidature ».
Un casse-tête pour la chancelière
Le président actuel, Joachim Gauck, a annoncé en juin dernier son refus de se présenter pour un nouveau mandat. « A quatre mois de la convocation de l'Assemblée fédérale (l'organe constitutionnel qui élit le président allemand, ndlr) prévue le 12 février 2017, la chancelière Angela Merkel n'a pas encore soutenu officiellement de candidat », écrit Der Spiegel. D'après l'hebdomadaire, la chancelière fait traîner le temps mais s'est entendue il y a quelques jours avec Horst Seehofer, leader de la CSU, et Sigmar Gabriel, président du SPD, pour lancer un examen commun des candidats possibles.
« Merkel devrait peser tous les avantages et les inconvénients. Il serait sans doute difficile de persuader les membres de son parti de soutenir Steinmeier, notamment compte tenu de l'affaiblissement considérable des positions de la chancelière à cause de la crise migratoire. Mais si elle arrivait à le faire elle obtiendrait des avantages politiques importants », conclut Der Spiegel.
Ensuite, si le bloc CDU/CSU ne pouvait pas obtenir la majorité et était obligé de former une large coalition avec les sociaux-démocrates, l'arrivée de Frank-Walter Steinmeier au poste de président montrerait sa capacité à trouver des compromis. Enfin, en soutenant la candidature de Steinmeier, Angela Merkel pourrait montrer qu'elle se laisse guider par les intérêts de l'État au lieu de ceux de son parti.
Quoi qu'il en soit, on ne sait pas encore si le chef de la diplomatie allemande lui-même veut s'installer au château de Bellevue. « Une telle proposition serait évidemment flatteuse pour lui, écrit Der Spiegel. Dans ce contexte Steinmeier a la position la plus avantageuse. Si le SPD obtenait des sièges au parlement il pourrait même garder son poste de ministre des Affaires étrangères. Il obtiendra sans doute un poste influent dans n'importe quel contexte ».
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