Pourquoi ?
Mais pourquoi chercher à détruire les ossements d'Hitler, 24 ans après son inhumation ? L'explication est simple: après la dissolution d'une garnison soviétique sur le territoire de Magdebourg, remise aux autorités allemandes et aménagée, les constructeurs auraient pu retrouver la dépouille et l'identifier — ce qui aurait potentiellement pu déclencher une bombe médiatique et engendrer un néonazisme semi-religieux.
Une idée du directeur du KGB
Avant « Archive »
Les corps d'Hitler et d'Eva Braun avaient déjà été déplacés à plusieurs reprises après qu'ils avaient été retrouvés le 4 mai 1945 près de l'entrée du bunker d'Hitler. Ils ont d'abord été enterrés à Buch, près de Berlin, où ils ont été retrouvés par les hommes du Smersh de la 3e armée de choc. Quand l'armée a dû changer de position, les dépouilles ont été exhumées et transportées à Rathenow.
S'agissait-il bien d'Hitler ?
Les discussions selon lesquelles, dans les années 1970, les agents soviétiques n'auraient pas répandu les bonnes cendres ne cessent pas. Aujourd'hui encore paraissent des journaux où une Latino-américaine âgée raconte spécialement qu'un homme « ressemblant à Hilter » sans moustache est venu dans son village quand elle était fillette, qu'elle lui rendait visite avec ses amies et qu'il leur donnait des bonbons allemands. Un autre mythe conspirationniste est l'histoire de la présence d'Hitler en Antarctique. D'après cette histoire, il se serait caché dans des bases antarctiques sous la glace. Un mythe très nuisible: compte tenu de l'association entre la glace et l'éternité, c'est un terrain fertile pour penser que le Führer est encore en vie. En 1970, Andropov comprenait qu'il était dangereux d'alimenter les rumeurs médiatiques.
La couverture
L'histoire inventée en couverture pour le groupe opérationnel réuni par Andropov était l'information reçue d'un prétendu criminel dangereux capturé en URSS. Selon ce « criminel », des documents d'archives importants avaient été enterrés à Magdebourg.
Cette légende était parfaitement plausible et facile à exécuter. Le groupe opérationnel s'est rendu à Magdebourg et s'est installé dans une tente. D'abord gardée par des soldats, elle a été ensuite surveillée par des agents du KGB au moment de creuser. Un poste d'observation a été installé à distance pour suivre l'opération. Les fouilles avaient lieu la nuit.
Très secret défense
Acte (unique exemplaire)
Selon le plan de l'activité « Archive » approuvé par le président du KGB près le Conseil des ministres de l'URSS le 26 mars 1970, le groupe opérationnel composé du chef 00 du KGB unité 92626 colonel N. Kovalenko et d'agents opérationnels du même service (noms omis — V.L.) a procédé à l'exhumation des dépouilles de criminels de guerre sur le territoire de la garnison à Westendstrasse près de la maison N36 (aujourd'hui Klausenerstrasse).
L'exhumation a montré que les ossements des criminels de guerre avaient été supposément inhumés dans 5 caisses de bois placées les unes sur les autres en croix. Trois d'entre elles du Nord au Sud, les deux autres de l'Est à l'Ouest. Les caisses ont pourri pour se transformer en poussière, les ossements se sont mélangés à la terre. En creusant le sol il a été minutieusement observé et les restes (crânes, tibias, côtes, vertèbres, etc.) ont été placés dans une boîte. Le niveau de dégradation était élevé, notamment celui des dépouilles d'enfants, et ne permettait pas de faire un compte exact de la découverte.
Selon le nombre de tibias et de crâne, les restes pouvaient appartenir à 10 ou 11 corps. Après l'extraction des dépouilles, l'endroit a été remis dans son état initial. L'opération d'exhumation a été réalisée dans la nuit et la matinée du 4 avril 1970. L'observation de la maison adjacente au lieu de l'opération, où vivaient des citoyens allemands, n'a révélé aucune activité suspecte de leur part. Aucun intérêt direct n'a été manifesté pour les travaux réalisés ni pour la tente installée sur les lieux des fouilles. La boîte contenant les restes des criminels de guerre a été placée sous la protection des agents opérationnels jusqu'au matin du 5 avril, quand la destruction physique des restes a eu lieu.
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