Sputnik a interrogé Alexandre del Valle, essayiste et géopolitologue français, sur la nouvelle donne en Syrie après la rupture du dialogue entre les Etats-Unis et la Russie.
Selon lui, c'est après la soi-disant erreur américaine qui a entrainé la mort de 90 Syriens que le cessez-le-feu a été rompu. Par ce bombardement des troupes gouvernementales syriennes, les Américains ont eux-mêmes initié la rupture de la trêve.
« On est entré dans une nouvelle phase de reconquête du territoire, notamment avec la guerre d'Alep. Aujourd'hui, on est revenu à la phase de conquête territoriale qui va changer les rapports de forces et je pense que les rapports de forces seront de plus en plus en faveur du régime syrien », a indiqué M. del Valle.
Selon lui, c'est parce que le Qatar, l'Arabie saoudite et les États-Unis continuent à considérer un certain nombre de groupes islamistes comme modérés alors qu'ils sont notoirement alliés tactiquement dans certaines régions et continuent à coopérer avec l'ex-al-Nosra qui lui-même a changé de nom pour avoir l'air plus fréquentable à la demande des Qataris qui continuent à les aider.
« Les puissances de l'Otan sont devenues les mercenaires des Etats islamistes du Golfe. C'est très triste à reconnaître, mais c'est en grande partie la situation qu'on retrouve également en Libye, d'ailleurs. Aujourd'hui, en Libye, les Américains sont du côté des islamistes de Fajr Libya, alors que la Russie équipe le général Haftar qui résiste contre les islamistes », a fait valoir l'expert français.
De son côté, la Russie agit aujourd'hui comme un empêcheur de cette stratégie pro-islamiste qui est commandée par les monarchies pétrolières du Golfe et par les Occidentaux, estime l'interlocuteur de Sputnik.
« La Russie aujourd'hui arme les rebelles anti-islamistes en Libye, la Russie aide le régime laïc de Bachar el-Assad contre l'islamisme, la Russie aujourd'hui est l'un des éléments qui empêche la réalisation de cette stratégie pro-islamiste des États-Unis commandée par les pays du Golfe », a-t-il conclu.