L'émission Quotidien a révélé des informations qui remettent en question la version donnée par les autorités du Ministère de l'intérieur sur cet attentat. Les points concernés vont du nombre de policiers réellement présents au déroulé réel de l'attentat. Ces informations, qui seraient issues d'une fuite du dossier d'enquête de la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire, confirment les questions que nous posions à la fin du mois de juillet.
La sécurité du 14 juillet à Nice
C'est le journal Libération qui avait lancé le débat dans un article du 21 juillet. Il apparaît que seuls 2 policiers municipaux assuraient le contrôle du périmètre au point où le camion du meurtrier est entré dans la partie piétonne de la Promenade des Anglais, et ce contrairement au communiqué du 16 juillet du Ministre de l'Intérieur.
De plus, aucune chicane en béton susceptible d'arrêter le camion du terroriste n'était déployée, ni à cet endroit ni 370 mètres plus loin, là où se trouvait la patrouille de 4 hommes de la police nationale. Or ces chicanes sont des instruments standards tant de la police municipale que de la police nationale et elles avaient été employées lors du championnat d'Europe de football pour sécuriser la « Fan Zone » de Nice.
Les inquiétantes omissions de la version officielle
Il est clair qu'une commission d'enquête parlementaire s'impose. Nous le devons aux victimes, nous le devons aux survivants de cet ignoble attentat, nous le devons aussi à la sécurité des futurs événements qui auront lieu à l'avenir.
Cinq questions pour une future commission d'enquête
Cette commission se devra d'établir les faits de manière irréfutable et de préciser les responsabilités, soit :
1. Les effectifs de police étaient-ils (a) suffisants et (b) correctement déployés pour une manifestation de cette importance ?
Contrairement à ce qu'affirme le communiqué du 16 juillet du Ministre de l'Intérieur il semble bien que c'était des policiers municipaux qui assuraient pour l'essentiel la sécurité du premier périmètre. Pourquoi cette faible présence de la Police nationale ?
2. Comment un camion de 19 tonnes a-t-il pu circuler à Nice, alors que les rues de cette ville sont interdites à ce genre de véhicule ?
On sait qu'à toute interdiction correspond des exemptions, de fait ou de droit. Mais, le soir du 14 juillet la circulation d'un tel engin aurait pu et dû mettre les forces de Police en alerte.
3. Toutes les conditions de sécurité étaient-elles remplies et pourquoi aucun obstacle artificiel (chicanes en béton, grilles anti-véhicules) n'avait été déployé aux entrées de cette manifestation ?
On savait, depuis l'attentat à la voiture-bélier à Nantes le 22 décembre 2014 que ce type de méthode pouvait être utilisée. Des obstructions mobiles étaient disponibles, et avaient été utilisées lors de l'Euro-2016.
4. Quel était le niveau de préparation des responsables tant municipaux que nationaux à un attentat ?
5. Le Ministère de l'Intérieur a-t-il fait pression sur la responsable de la vidéosurveillance, Sandra Bertin, policière municipale et secrétaire générale du Syndicat autonome de la fonction publique territoriale (SAFPT) de Nice ?
Les accusations portées par cette dernière sont trop graves pour être récusées d'un revers de main. Il est bien établi qu'elle a parlé le 15 juillet avec une responsable du Ministère, le numéro 3 de l'état-major de la direction centrale de la sécurité publique (DCSP). Il est possible qu'elle ait confondu cette personne avec un membre du cabinet du Ministre. Géographiquement, ce n'est pas complètement absurde car la Direction Centrale de la Sécurité Publique est abritée dans un bâtiment adjacent à celui du ministère, précisément rue des Saussaies à Paris. Et, comme l'ensemble de ces directions également, la DCSP est rattachée directement au Ministre.
Le rapport de la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire confirme donc que des erreurs graves ont été commises dans la planification des mesures de sécurité pour le feu d'artifice du 14 juillet à Nice. Il faut les rendre publiques, il faut aussi en comprendre l'origine, qu'elle provienne du sentiment de sécurité provenant du succès des mesures de sécurité pour l'Euro-2016, ou qu'elle provienne d'une autre cause. La constitution d'un commission d'enquête parlementaire s'impose.
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