Frappes contre l’armée syrienne, un «acte de guerre», une «opération volontaire»

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Qualifiées par les États-Unis de « bavure », les frappes des forces de coalition semblent loin de l’être. Ce qui reste à comprendre est le but des actions de Washington. Or, au vu des contradictions dans la stratégie des États-Unis, la réponse ne s’impose pas d’elle-même.

Samedi dernier, une semaine après la conclusion de l'accord Lavrov-Kerry sur la Syrie, plusieurs chasseurs de la coalition internationale anti-Daech frappaient des positions de l'armée gouvernementale près de Deir ez-Zor, faisant une soixantaine de victimes. Or, la partie américaine a vite qualifié ce raid de « bavure », précisant qu'elle ignorait que ses frappes visaient les troupes gouvernementales.

Vraiment une erreur ? Le député de l'Assemblée nationale française Thierry Mariani y voit plutôt un acte délibéré entrepris dans le but d'affaiblir les troupes de Bachar el-Assad.

« C'est quand même un peu étrange, d'autant plus qu'on est théoriquement dans une période de trêve. Je n'ose pas imaginer mais hélas ça y ressemble à une opération strictement volontaire des Américains pour essayer une fois de plus d'affaiblir Assad. On sait très bien que, dans cette région, les troupes syriennes résistaient aux islamistes depuis un certain temps et aujourd'hui ce sont les principales victimes de ce bombardement américain », a-t-il souligné dans un entretien à Sputnik.

Christian Chesnot, journaliste et spécialiste du Proche-Orient, doute lui aussi qu'il puisse s'agir d'une bavure et rappelle que l'opération a duré 50 minutes et a impliqué quatre avions.

« Les Américains ont quand même des satellites, des radars. Ça pose problème parce que Deir ez-Zor est une zone désertique, c'est la première fois que les Américains s'en prennent à l'armée syrienne. Donc la version américaine qui dit bavure, les Russes disent non c'est une provocation, alors la vérité est peut-être entre les deux. En tout cas, c'est un acte de guerre qui va avoir des conséquences », estime-t-il.

Quoi qu'il en soit, les frappes contre les troupes syriennes ont eu lieu à la faveur de Daech. Washington soutien-t-il cette organisation terroriste ? Logiquement parlant non, mais il est tout de même difficile de comprendre ce que souhaitent les Américains.

Comme le juge Christian Chesnot, cette situation pose des questions sur la stratégie de Washington en Syrie. Il rappelle que depuis le début de la crise syrienne l'État américain a fait preuve d'hésitations, soutenant l'opposition, et en même temps n'intervenant pas au moment de l'affaire chimique lorsque la fameuse « ligne rouge » a été franchie. « Il y a une espèce de va-et-vient permanent, une espèce de flou sur la politique américaine en Syrie », estime-t-il.

« Je pense que le gouvernement américain est surtout obnubilé comme toujours à régler ses problèmes avec la Russie. Il se prend, par moment, les pieds dans le tapis dans sa politique étrangère. Vous avez aujourd'hui des Kurdes armés par les Américains qui sont combattus par des Turcs armés par les Américains, et tout ça, au lieu de s'opposer aux véritables terroristes. Je pense que les États-Unis, fidèles à leur chimère- il y a toujours les bons et les mauvais- s'étaient imaginés qu'il y avait les bons musulmans modérés et puis d'autre part, les groupes extrémistes. On voit très bien que là aussi, sa politique consistait à soutenir certains groupes, a été vouée à l'échec puisqu'elle a finalement entrainé des groupes qui sont même passés avec les terroristes islamistes », estime pour sa part M. Mariani.

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Or, d'après l'homme politique, la situation en Syrie illustre une fois de plus deux choses : à vouloir faire tout à la fois, les Américains aboutissent à des choses invraisemblables. « Finalement, toutes les interventions dans cette région n'ont aucun intérêt, il est temps que les Occidentaux s'en retirent et qu'ils laissent les États de cette région régler ces problèmes entre eux ».

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