Gerardo Cantou, le seul taxidermiste diplômé en Uruguay, a hérité de l'amour de la nature de son père. Quand il était petit, son père l'emmenait chaque été dans la campagne pour une vingtaine de jours. C'est alors qu'est née sa passion pour la nature.
« J'ai toujours aimé les musées d'histoire naturelle parce qu'on peut y observer de près les animaux, en voyant tous les détails », a déclaré à Sputnik Gerardo Cantou, naturaliste taxidermiste du Musée des sciences naturelles auprès du Collegio Pio de Montevideo.
A l'âge de 17 ans, Gerardo Cantou s'est rendu au Musée des sciences naturelles de La Plata, en Argentine, où il y avait des cours de taxidermistes et de préservation des animaux. M. Cantou s'est alors installé en Argentine pour suivre ces cours.
« J'ai d'abord considéré cette formation comme une source de revenus. J'ai travaillé avec des trophées de chasse et de pêche. Ce n'était pas facile, parce que j'accepte la chasse seulement s'il s'agit de problèmes provoqués par une faune non autochtone. Mais je ne l'aime pas trop. C'est le travail dans un musée que m'attire le plus. Je me suis livré à des recherches. Cela me plaît parce qu'il faut aller dans les montagnes, rechercher des traces d'animaux, travailler sur le terrain. C'est comme si je revenais à l'époque de mes voyages avec mon père », a confié M. Cantou.
Revenu en Uruguay, il a appris que le dernier taxidermiste diplômé du pays était parti à la retraite. M. Cantou est ainsi devenu le seul naturaliste taxidermiste de l'Uruguay.
Sa mission consiste notamment à sensibiliser les enfants aux problèmes écologiques, leur faire comprendre qu'il faut préserver la nature.
M. Cantou ne tue jamais les animaux, il n'utilise que les corps des animaux décédés.
« Quand je reçois un animal, je dois le vider. Il faut ranimer la chair qui reste. Mais il importe de bien comprendre quels mouvements sont naturels pour cet animal, pour que les visiteurs du musée pensent qu'il est toujours en vie. On ne peut l'apprendre qu'en pratiquant ce métier. Tous les détails ont de l'importance. C'est ainsi qu'on apporte plus de réalisme », expliqué M. Cantou.
Les yeux présentent le plus de difficultés pour un taxidermiste.
« Je dois les importer. En Uruguay, les yeux en verre sont introuvables, il n'y a que des yeux en plastique qu'on utilise pour faire des peluches. Il est absolument nécessaire de trouver des yeux en verre car les yeux brillants sont un signe de vie », souligné le taxidermiste.
M. Cantou travaille généralement avec des animaux autochtones : des tortues, des lézards ou des loutres. Mais il lui arrive aussi d'empailler des animaux plus rares.
« L'animal le plus insolite que j'ai dû empailler était un poisson chauve-souris. Ils n'habitent que dans les zones protégées des îles Galápagos, en Équateur. Quand on travaille sur un poisson, le plus difficile est de préserver les écailles. Les animaux marins morts perdent vite leurs couleurs et deviennent ternes. Il faut les colorer soigneusement. Il y a une astuce pour la faune aquatique : utilisez du vernis pour que le poisson semble humide », a noté M. Cantou.
En tant que représentant d'un métier en voie de disparition, le taxidermiste uruguayen se demande qui prendra sa place quand il partira à la retraite.
« J'aimerais bien trouver une personne capable de comprendre l'importance de préserver la nature, qui n'ira pas tuer des animaux pour montrer son talent », conclut Gerardo Cantou.