Il tourne un docu sur l’uranium appauvri, puis se retrouve au chômage

© REUTERS / Goran TomasevicBagdad en flammes
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Dans une interview accordée à Sputnik, le metteur en scène allemand Frieder Wagner parle de sa production Deadly Dust (Poussière mortelle) et explique pourquoi les chaînes allemandes ne veulent plus travailler avec lui.

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Pourquoi les livraisons d'uranium américain en Belgique sont-elles dangereuses?
Le metteur en scène et lauréat du prix Grimme, Frieder Wagner, a créé beaucoup de documentaires de haute qualité à la demande des chaînes allemandes de renommée internationale telles que l'ARD et la ZDF. Cependant, depuis son film Deadly Dust, portant sur les effets néfastes des munitions à uranium appauvri largement utilisées par l'Otan en Irak et en Yougoslavie, il ne reçoit plus aucune commande.

Qu'y a-t-il de si dangereux dans ce documentaire qu'on refuse toujours de le passer à la télé?

Deadly Dust est inspiré de la production Der Arzt und die verstrahlten Kinder von Basra (Le médecin et les enfants contaminés de Bassora, ndlr). En avril 2004, il est passé à la télé pour commémorer la catastrophe de Tchernobyl. Bien que le film ait reçu en automne un prix prestigieux, il n'est jamais repassé par la suite. Depuis lors, quoi que je fasse, je ne reçois plus de commandes. J'ai parlé là-dessus avec un rédacteur en chef de la chaîne WDR, pour en connaître les causes. Hésitant, il m'a expliqué: « On te prend, à la WDR, pour un type gênant. Ce qui est le plus grave, ce sont les sujets que tu choisis de traiter, des sujets particulièrement gênants. Je n'oserais pas t'en dire davantage ».

Quels sont en fait les conséquences de l'utilisation des munitions à uranium?

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Les munitions à uranium sont confectionnées sur la base d'un uranium appauvri, un sous-produit de l'industrie nucléaire. On n'a pas tardé à constater que les tiges acérées en uranium appauvri, proprement accélérées, étaient en mesure de passer à travers des blocs de béton, d'acier, de fer et même de béton armé, comme un couteau dans du beurre. Forcément, cette opportunité a été vite saisie par les militaires qui en ont fait une arme de destruction massive. Et pour cause! Afin de lancer une telle tige, il suffit d'avoir une propulsion appropriée. On n'a même pas besoin de poudre. Compte tenu de son poids imposant, soit deux fois plus que le plomb, l'obus peut pénétrer dans n'importe quelle surface, tout en s'acérant à la manière d'un crayon, à la seule différence que ses « copeaux » sont formés de particules incandescentes, capables de faire sauter dans l'air un char avec tout son équipement en l'espace de quelques secondes.

Concernant la soi-disant poussière mortelle, quels effets peut-elle produire à long terme?

Chauffé à blanc, l'uranium appauvri libèrent des nanoparticules dont la taille est plus petite que celle d'un globule rouge. Ainsi, étant très petites et par conséquent capables de pénétrer dans n'importe quelle partie du corps — cerveau, placenta, vaisseaux sanguins, poumons, reins, spermatozoïdes et ovules — ces particules peuvent provoquer des mutations effroyables chez les petits enfants.

L'Otan a déjà recouru à ce genre de munitions? où exactement?

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L'Otan s'en servait constamment, en particulier au cours de la guerre du Kosovo. L'Organisation utilisait ce type d'armes en Somalie, au Libye, lors des deux guerres d'Irak. En Afghanistan, on s'en sert toujours. Du moins 21 États, notamment la Russie, les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne, ont des munitions à uranium à leur disposition.

Cependant, ce sont les États-Unis qui y recourent le plus souvent?

C'est un fait avéré: les États-Unis et leurs alliés s'en servent au cours de toutes les guerres qu'ils mènent. Je me suis rendu personnellement en Irak et au Kosovo. Nous avons prélevé des échantillons de sol et d'eau, ainsi que des échantillons de tissus organiques. Dans ces derniers, nous avons retrouvé des traces d'uranium appauvri et, pis encore, des traces du soi-disant uranium 236, un isotope radioactif n'existant pas dans la nature.

Les personnes concernées ont-elles essayé par le passé de déposer un recours devant les juridictions administratives?

Certes, notamment en Italie, un pays qui n'a jamais eu de centrales nucléaires. Voilà pourquoi seize familles de 109 soldats morts par cancer ayant porté plainte contre le gouvernement italien ont gagné leur procès. 

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