Les experts et blogueurs russes ont découvert de nombreux faits montrant que les conclusions du groupe d'enquête Bellingcat selon lesquelles Moscou serait impliqué dans le crash du vol MH17 malaisien en Ukraine en juillet 2014 reposent sur des données erronées ou falsifiées.
Le Boeing 777 de la Malaysia Airlines reliant Amsterdam à Kuala Lumpur s'est écrasé dans le Donbass le 17 juillet 2014, faisant 298 morts. Fin février 2016, le groupe d'enquête international Bellingcat a publié un rapport intitulé "MH17: suspects et témoins potentiels de la 53e brigade de missiles antiaériens". Selon les auteurs de ce document, le système de missiles sol-air Bouk qui a abattu le Boeing malaisien avait été introduit dans le Donbass par les militaires russes.
Parmi les preuves fournies par le groupe d'enquête figurent:
— des photos du système sol-air Bouk qui serait pris en photo et filmé par un témoin à Makeïevka, dans le Donbass, le jour du crash;
— des photos et une vidéo représentant un système sol-air Bouk à Snejnoïe, dans le secteur depuis lequel le vol MH17 aurait été abattu;
— une vidéo représentant un système sol-air Bouk à Lougansk où le ministère ukrainien de l'Intérieur l'aurait filmé le 18 juillet 2014.
Mais analysons ces données de plus près:
1. La vidéo datée du 17 juillet 2014 a en fait été filmée bien avant cette date
Les experts ont établi que la vidéo sur laquelle on voit un véhicule blanc avec un système Bouk passer devant une station-service de Makeïevka avait été filmée avant le 15 juillet 2014.
On peut l'affirmer si on étudie le passage d'un convoi de blindés filmé le 15 juillet 2014 par les journalistes de la chaîne de télévision HOT News près de la même station-service. Sur la vidéo, on voit que les chenilles des blindés ont endommagé la route.
Or la vidéo fournie par Bellingcat en tant que preuve, montre une route intacte.
2. L'image satellite montrant un convoi de Bouk a été falsifiée
L'image satellite qui représenterait un convoi escortant un système sol-air Bouk est un montage. Les ombres qu'on voit sur la route indiquent clairement que les véhicules en question vont dans le sens inverse et ne peuvent donc pas faire partie du prétendu convoi du Bouk.
En plus, l'ombre du véhicule transportant les missiles Bouk ne correspond pas à la forme d'un système sol-air installé sur une plateforme. Cette ombre va dans une autre direction que celles des autres véhicules – au nord-est. Or les ombres des objets situés dans cette région doivent pointer vers le nord-ouest à l'heure et à la date indiquées (à 11h08, le 17 juillet 2014).
3. La photo représentant les traces d'un missile Bouk falsifiée ou prise un autre jour
Les experts ont établi que la photo qui, selon Bellingcat, représenterait les traces d'un missile Bouk tiré depuis Snejnoïe, a été prise un autre jour ou a été falsifiée. Sur le cliché publié 3 heures après le crash, on voit le ciel dégagé, mais on sait que le temps était nuageux à Snejnoïe le jour de la tragédie.
Les données météorologiques fournies par les autorités néerlandaises dans leur rapport sur le crash du Boeing confirment la présence de nuages dans le secteur du crash.
4. Les traces de chenilles non-identifiables
Le groupe d'enquête international Bellingcat affirme avoir trouvé les traces des chenilles du Bouk sur le champ depuis lequel le missile Bouk aurait été tiré.
Pourtant, la résolution maximale des satellites utilisés par la société DigitalGlobe est de 0,5-0,8 mètre. Ils sont donc incapables de distinguer les traces des chenilles de Bouk de celles des machines agricoles ordinaires.
5. Impossible de détecter l'endroit précis du tir de missile avec le SBIRS
Les satellites du système américain Space-Based Infrared System peuvent détecter le tir d'un missile si ses moteurs sont en marche pendant 20 secondes. Il leur faut au moins 50 secondes pour déterminer la direction de tir d'un missile. Or si on suppose qu'un missile Bouk a été tiré depuis le secteur indiqué pour abattre le Boeing, ses moteurs n'ont fonctionné que pendant 17 secondes. En plus, Bellingcat a défini le lieu de tir d'un missile guidé avec une précision de 3 à 4 km, ce qui dépasse largement le potentiel du système spatial américain.
6. Impossible d'abattre un Boeing par un seul système sol-air Bouk
La zone d'engagement d'un seul système sol-air est limitée à 120 degrés en azimut et à 7 degrés en élévation. L'efficacité de tir de ce système est très basse.
Il peut tenir "une embuscade" à condition d'être informé des paramètres de vol de la cible. Ses opérateurs doivent donc connaître la direction et l'heure exacte de passage de l'avion visé s'ils veulent détecter et détruire la cible.
7. La vidéo d'un système Bouk "rentrant en Russie après le tir" est falisifiée
Il s'est avéré que la vidéo où un véhicule blanc "transporterait un système de missiles Bouk de Lougansk en Russie" ne pouvait pas avoir été filmée le 18 juillet 2014, au lendemain du crash. Ce jour-là, la ville de Lougansk était privée d'électricité suite au bombardement du 17 juillet qui a sérieusement endommagé la centrale électrique locale.
Or, on peut voir un panneau publicitaire bien éclairé à la 6e seconde de la vidéo fournie par le ministère ukrainien de l'Intérieur.
Le panneau aurait-il été éclairé par le soleil? Difficile de le croire puisque le temps était couvert à Lougansk le 18 juillet 2014, d'après le service météorologique ukrainien.
Le ministère russe de la Défense a déjà rejeté les accusations de Bellingcat en mars dernier. Il a jugé surprenant que le groupe d'enquête officiel prenne au sérieux ces publications reposant sur des informations d'origine plus que douteuses.