Cellules de déradicalisation: la désillusion

© © Photo: AP/Mohammad HannonAncien du Djihad islamique : les Frères musulmans ignorent les principes du Coran
Ancien du Djihad islamique : les Frères musulmans ignorent les principes du Coran - Sputnik Afrique
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C’était un projet-pilote, comme ceux que l’on montre volontiers aux journalistes. Au bout d'un an, la cellule de déradicalisation en Seine-Saint-Denis a fermé ses portes. Julien Dervial, un ancien employé de la structure, publie "Cellule de déradicalisation: Chronique d’une désillusion" et montre à Sputnik le revers de la médaille.

Le projet de la Maison de la Prévention et de la Famille a été un fiasco: promesses publiques jamais tenues, des salaires rarement payés, exagération du nombre de radicalisés traités par la cellule et manipulation des familles de jeunes radicalisés. Son ancienne dirigeante, la responsable associative Sonia Imloul est convoquée par la police le 26 septembre pour détournement de biens, blanchiment et travail dissimulé.

Sonia Imloul rivalise ainsi avec Dounia Bouzar, autre responsable associative et figure médiatique de la déradicalisation: "on avait ce duel de starlettes parce qu'elles s'affichaient beaucoup médiatiquement, avec un profil similaire, elles étaient souvent comparées, mises en opposition, il y avait une sorte de concurrence qui me paraissait malsaine pour ce genre de sujet de cette gravité".

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En quoi consistait leur travail? Au sein de la jeune équipe "artisanale" dont il fait partie, Julien Revial explique tout d'abord recevoir la famille "pour connaître tout le passé familial et puis mieux comprendre la personnalité de la personne signalée". Pour être signalée, la famille doit faire appel au préalable, au numéro vert mis en place par la préfecture de police.

A l'aide de psychologues en stage de fin d'étude, il s'agit "d'aider cette famille à prendre du recul, à relativiser pour ainsi renouer le dialogue". Mais il constate que "c'est véritablement les familles qui ont les clés pour sortir leur proche de cette spirale radicale". Le but de la cellule de déradicalisation explique-t-il "c'était de créer certaines conditions, de prendre certaines dispositions, pour que le jeune se sente moins marginalisé à l'égard de la société".

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Il déplore toutefois l'inconsistance des moyens publics versés à la déradicalisation par rapport à la médiatisation parfois voyeuriste de la cellule. Excepté le ministère de l'Intérieur, il explique que "personne parmi les ministères ne se sentait préoccupé et concerné par ces questions." Une vitrine médiatique dont s'est servi le gouvernement pour rassurer la population comme il écrit dans son ouvrage: «la vérité c'est que l'Etat n'a jamais eu l'intention de créer un véritable dispositif de lutte contre la radicalisation, que c'est un écran de fumée, un coup de com» une illusion à but politique voulant frapper les esprits mais pas les terroristes".

Nadia Remadna présidente de la Brigade des Mères, qui a déjà eu affaire à cette cellule de déradicalisation, ne pense pas "que ce soit des centres de déradicalisation qu’il faut mettre en place mais travailler avec les écoles à partir de la primaire et faire un vrai travail de terrain.


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