Le premier ministre grec ne cache pas ses ambitions. "Nous souhaitons…favoriser une approche commune en faveur des pays de la périphérie européenne et de la Méditerranée, qui ont été objectivement les plus touchés par la crise", a-t-il expliqué au Monde la veille du mini-sommet. La lutte contre l'austérité semble devenir ainsi de nouveau prioritaire pour le premier ministre grec, qui a cédé par le passé aux exigences de Berlin. Pour Charles Sannat, économiste, fondateur et rédacteur du site Insolentiae, bien que pour l'instant la réunion à Athènes ne soit pas censé porter de fruits concrets, c'est un signe fort pour Bruxelles.
"On voit à travers ce genre de réunions, les forces qui sont à l'œuvre en Europe et qui sont, à terme, risquent évidemment d'entraîner l'explosion de l'euro ou, en tous cas, une crise d'une telle ampleur liée aux divergences économiques qui fera que la zone monétaire euro devra être revue. Ce sont les prémices politiques d'un problème économique majeur qui s'appelle l'euro".
Alexis Tsipras plaide pour une Union véritablement européenne et non pas Allemande. L'Allemagne, pour sa part, ne voit pas d'un bon œil l'initiative grecque. Le député Markus Ferber a fait part de son inquiétude quant à la formation par les pays du sud d'une éventuelle "coalition des redistributeurs". Selon le parlementaire, une telle alliance menacerait la stabilité financière de l'Europe. "Après le départ de la Grande-Bretagne, le +Club Med+ constituera une minorité nécessaire pour bloquer à Bruxelles des initiatives qu'il n'apprécie pas", a averti le responsable allemand. Charles Sannat indique que Berlin a raison de s'inquiéter.
"L'Allemagne est aujourd'hui le pays qui profite le plus de la monnaie unique. Et c'est l'Allemagne qui a tout à craindre d'une explosion éventuelle de l'euro. 60% des exportations allemandes c'est vers les pays européens. C'est l'Allemagne qui s'enrichit de manière considérable grâce à la monnaie unique. Et ce sont les autres pays européens qui s'appauvrissent dans les mêmes proportions inverses".
"Tsipras aurait des chances, si le président de la République française décidait de taper du poing sur la table. Le problème c'est que ce n'est pas du tout dans le caractère de François Hollande et cela ne correspond pas à sa vision politique. La Grèce ne pourra pas profiter maintenant du parapluie français".
D'après Charles Sannat, le mini-sommet à Athènes est, au stade actuel, plus une forme de posture.