Varsovie confirme son choix d'acquérir le système anti-missile américain au détriment de la solution européenne analogue, a priori plus performante.
Même le site spécialisé en actualité aéronautique et spatiale Air et Cosmos, y voit un acte « clairement dirigé contre les agissements russes, le choix polonais est éminemment politique»
"Selon plusieurs experts, le système «Patriot» de cette génération ne correspond pas aux critères de combat actuels. Une question s'impose: à quoi bon l'acquérir?"
"Le candidat à la présidence américain Donald Trump a dit que chaque pays membre de l'OTAN devait rembourser sa participation à l'alliance et partager les dépenses. Le système «Patriot» ne correspondant pas aux critères de combat et une compagnie privée n'ayant pas les moyens pour le moderniser, on invite à Pologne à en sponsoriser la modernisation »
La modernisation du système d'ici 2018 aux frais de la Pologne donnerait lieu à une nouvelle étape d'achat d'une nouvelle modification, et cela peut durer à l'infini. Le ministre Antony Macierewicz est, semble-t-il, parfaitement sûr de l'avenir de la Pologne, s'il décide d'acquérir un système qu'on ne saura employer qu'après l'avoir modernisé d'ici 2018.
"C'est sans doute une espèce de rançon pour le geste vers la Pologne, — croit Mariusz Olszewski, — Les relations économiques avec l'Union européenne ainsi que les relations politiques au sein de l'OTAN construites autour de la défense et de la sécurité sont depuis longtemps présentées comme les liens d'affaires. Cela concerne également notre contrat d'achat des F-16. Que peut faire la Pologne pour que les États-Unis l'apprécient? Nous pouvons conclure des contrats avantageux pour les Américains et la société polonaise peut les rembourser. C'est, d'ailleurs, meilleur marché que, disons, l'aménagement d'une prison de la CIA sur le territoire de la Pologne"
Dans le même temps, l'expert "n'est pas sûr que cet argent soit en fait versé". A son avis, ces réflexions "font le jeu du ministre polonais qui voudrait armer l'armée et signer les contrats. Qui plus est, il y a dans tout cela trop de politique et de sympathies politiques qui ne correspondent pas toujours aux besoins de l'armée polonaise, et l'on ne saurait que le regretter"
Georges Estievenart, responsable de l'Institut Prospective et Sécurité de l'Europe à Bruxelles, s'est posé la même question — pourquoi acheter le système anti-missile américain plutôt qu'européen?
"Le gouvernement polonais actuel, comme ses prédécesseurs, mise sur l'alliance avec les Etats-Unis pour la défense. Il estime que l'Union Européenne ne leur offre pas de garanties suffisantes," — repond l'expert.
"Evidemment, ces garanties leur paraissent encore plus nécessaires après les évènements en Ukraine. Ils veulent obtenir en priorité le bouclier de défense américain, donc, l'entrée dans l'OTAN. Puis — l'adhésion en UE. Mais l'UE ne leur offre pas de proposition structurée en matière de la défense. Je trouve ça décevant, parce que la préférence à des équipements européens serait meilleure".
"Je ne crois pas que la Pologne puisse s'offrir le luxe de remettre fondamentalement en question son appartenance a l'Union Européenne. — réfléchit Georges Estievenart, — Elle a beau dire — sur la défense je ne vois rien! — et vouloir cavalier seule. La Pologne ne peut pas aller jusqu'à tendre la main aujourd'hui à la Grande-Bretagne au moment de Brexit, alors qu'on va avoir deux ans de négociations extrêmement difficiles sur tous les sujets avec la Grande-Bretagne, et que ça va en partie paralyser les autres progrès possibles de l'UE"
Donc, au vu de ces décisions de la Pologne, l'Europe de la Défense reste toujours une sorte de mirage…