L'Europe a failli remettre le patrimoine chrétien entre les mains de ses profanateurs

© AFP 2023 MIGUEL MEDINAL'emblème de l'UNESCO. Archive photo
L'emblème de l'UNESCO. Archive photo - Sputnik Afrique
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Ce n'est pas par hasard que la Serbie a organisé à Paris une exposition du patrimoine historique et culturel du Kosovo-Métochie. Elle l'a fait pour faire comprendre à l'Europe et au monde qu'admettre le Kosovo à l’Unesco équivaudrait à confier à Daech la sauvegarde des ruines antiques de Palmyre.

Le 9 novembre dernier, la Conférence générale de l’Unesco a repoussé, à une très faible majorité, la demande d’adhésion du Kosovo, et on ne peut que s’en réjouir, mais il ne s'agit sans doute que d'une victoire de courte durée, car les promoteurs de l’initiative, dont l’Albanie et la Turquie, ne manqueront certes pas de revenir à la charge en peaufinant leur lobbying.

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"Le peuple serbe compte depuis plus de vingt ans sur l’aide de l’Unesco pour protéger le patrimoine historique et culturel chrétien au Kosovo qui est en permanence la cible d’attaques et de destructions", a alors rappelé le président serbe, Tomislav Nikolic, soulignant que le rejet de la candidature du Kosovo à l'adhésion à l'agence des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture était une victoire de la civilisation sur la barbarie.

Selon bien des observateurs internationaux, admettre le Kosovo comme membre de l’Unesco équivaudrait à confier aux djihadistes de l'Etat islamique la sauvegarde des ruines antiques de Palmyre, "à remettre au loup la clé de la bergerie".

Frappant à toutes les portes sur la scène internationale pour accroître sa reconnaissance, le Kosovo avait en effet déposé sa candidature pour rejoindre les défenseurs du patrimoine de l’humanité. Belgrade qui refuse de reconnaître l'indépendance de cette province serbe, proclamée unilatéralement par les Kosovars albanais en 2008, dénonce en outre l’absence de "crédibilité morale" du Kosovo pour intégrer une organisation dédiée à l’éducation et la culture.

​Selon la Serbie, des actes "barbares" de destruction du patrimoine culturel et religieux serbe orthodoxe, dont le célèbre monastère de Gracanica, sont menés de "manière continue et systématique" sur le sol kosovar, Pristina cherchant tout simplement à effacer toute trace de la culture serbe.

Le Kosovo possède près de 2.500 sites patrimoniaux chrétiens, dont une grande partie a été détériorée lors des affrontements sur son territoire. Après la guerre des années 1990 et les tensions qui ont opposé les Serbes orthodoxes aux Albanais majoritairement musulmans, une grande partie du patrimoine cultuel a été perdu au détriment des générations futures. Depuis 2000, les extrémistes albanais ont détruit 150 églises et monastères orthodoxes, dont 35 lors des troubles de 2004.

"Ceux qui décident à présent du sort de ces monuments de valeur inestimable ne comprennent sans doute pas tout à fait que c'est grâce à eux que les Serbes gardent leur identité, leurs racines et leur authenticité", a déclaré à Sputnik l'historien d'art Nikola Kusovac, par le passé directeur du Musée national à Belgrade.

Le patrimoine serbe chrétien appartient à l'humanité tout entière. Il est constitué d’un nombre considérable d’églises et chapelles médiévales (1.300 ont été répertoriées), dont certaines d’une qualité architecturale exceptionnelle, ornées de fresques d’une valeur inestimable.

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Belgrade rappelle que Pristina ne cesse de détruire ce patrimoine. Pillages, vandalisme, incendies, attentats violents contre les monuments, ont accompagné (et accompagnent toujours) les persécutions contre les personnes, et particulièrement contre les communautés religieuses ayant la charge de leur conservation, afin de les pousser à l’exil. Plusieurs dizaines de ces chefs-d’œuvre ont été irrémédiablement détruits. Les autres n’ont été préservés que par l’interposition de bonnes volontés civiles et militaires internationales.

La Serbie fait remarquer qu'il n’est un secret pour personne que le parti politique qui gouverne actuellement le Kosovo a été le principal incitateur de cette volonté d’élimination radicale de la population serbe et du trésor culturel que l’histoire lui a légué.

​On peut lire aujourd'hui sur les ruines des églises serbes des slogans de Daech et d'autres organisations terroristes, slogans sous lesquels les djihadistes détruisaient Palmyre en Syrie.

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