L’arrivée début août de bombardiers russes sur la base aérienne d’Hamadan en Iran a fait couler beaucoup d’encre. Certains louant la coopération entre les deux pays, d’autres voyant là se dessiner un nouvel axe du mal. Le départ de ces avions fut tout aussi largement discuté.
Le plus surprenant a été la déclaration du Ministère de la Défense Russe qui considérait que leur mission avait été remplie et ceci nous invite à sortir du cadre tactique syrien.
Si la présence de Sukhoi-34, chasseurs-bombardiers correspond bien au cadre tactique des opérations menées en Syrie, la venue de Tupolev 22M suscite des interrogations. Ce bombardier stratégique supersonique a déjà été employé, faiblement, sur le théâtre syrien à partir du territoire russe du fait de son long rayon d’action de 6400 km. Sa présence sur le sol iranien est donc plus d’une portée géopolitique.
Outre le fait qu’il peut emporter des armes nucléaires, il peut lancer des missiles de croisière HK-22 et HK-32. Ce sont des missiles de croisière antinavires d’une portée de 1000 km. Ce sont des équivalents aux missiles chinois « tueurs de porte-avions ».
Nous assistons à une escalade des tensions dans ces régions provoqués par les Etats-Unis qui préfèrent jouer des muscles plutôt que de privilégier la diplomatie.
L’Iran est fermement décidé à faire valoir ses droits sur ses eaux territoriales et a déjà menacé de fermer le détroit d’Ormuz. Par ce détroit, transite 30% de la production mondiale de pétrole en provenance notamment du Koweït, d’Arabie Saoudite, du Qatar, de Bahreïn et des Emirats Arabes Unis.
Cette région est d’autant plus importante que le port de Chabahar, terminal de la liaison Russie-Caspienne-Iran va être un point stratégique pour la partie maritime de la Route de la Soie.
Il est donc exclu pour l’Iran d’abandonner ces zones à l’avidité habituelle des Etats-Unis qui s’arrogeraient le droit d’en contrôler la navigation.
La Russie a démontré sa capacité de projections de forces aériennes en Syrie. Elle vient de signifier à l’Iran qu’elle est prête à mettre à disposition son potentiel aérien pour dissuader les USA d’une présence trop envahissante dans la région.
Cette apparition d’avions russes sur une base aérienne iranienne est un message à destination des Occidentaux. La Russie sera aux côtés de ses partenaires de l’OCS, présents et à venir, pour les aider à défendre leur souveraineté.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.