Jean-Luc Addor, représentant de la Romandie du lobby Pro Tell, craint que la directive ne remette en cause le statut de milliers de tireurs, de collectionneurs et de ceux qui ont achevé leurs obligations militaires et ont encore leur fusil à la maison.
"Mon pays m"a fait confiance, il m"a dit +voilà, c’est ton fusil, c’est avec ça que tu défendras ton pays+. La tradition en Suisse, c’est qu’on pouvait conserver cette arme (un fusil d’assaut, ndlr), mais si je ne subis pas des tests médicaux et psychologiques complets, à renouveler tous les cinq ans, si je ne fais pas parti d’une société de tirs, si cette société n’atteste pas que j’ai tiré régulièrement, en tout cas au cours des 12 derniers mois, et bien on viendra me chercher ce fusil".
Jean-Luc Addor considère pourtant que cette mesure ne fera nullement avancer la lutte contre le terrorisme: "On constate que la totalité des actes qui justifient ces mesures ont été commis par des personnes qui détiennent des armes illégalement. Il y aura un effet zéro sur le terrorisme, et puis il y aura un effet maximal sur les libertés de dizaines de milliers d’honnêtes citoyens", argumente Jean-Luc Addor.
La Confédération n'appartient pas à l'Union européenne mais est membre signataire depuis 2004 de l'accord de Schengen. Cette convention oblige ainsi ses 26 membres à appliquer automatiquement le droit européen. Les attentats terroristes qui ont secoué l'Europe ces dernières années expliquent ce durcissement de la législation: mais les armes utilisées par les terroristes en janvier et novembre 2015 à Paris étaient-elles des armes à feu neutralisées ou des armes de contrebande introduites en Europe depuis des zones de combats?
Amanda Gavilanes, secrétaire générale du Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA), accueille positivement la directive européenne et souhaite aller plus loin.
"Le problème dans la lutte antiterroriste, ce n'est pas le durcissement de la législation, le problème en soit c’est le commerce et l’exportation d’armes de guerre au final. Le GSsA revendique notamment l’arrêt total d’exportation de la part des industries suisses qui en fabriquent, afin de juguler au niveau international le risque que ces armes se retrouvent sur le marché noir et puissent servir à des attentats terroristes, comme c’était le cas avec des grenades suisses dans un attentat perpétré par Daesh en Turquie en 2014", juge-t-elle.