Elle est proclamée par CRAV, groupe d'activistes assez radicaux qui luttent de manière très active ces derniers temps contre l'importation de vin espagnol faisant baisser les prix sur le marché français. Mais le problème est beaucoup plus large. Les producteurs français subiraient les effets des incohérences dans la législation européenne réglementant l'étiquetage et la vente du vin.
Le président du Syndicat des agriculteurs de Gironde Bernard Bouchon et le secrétaire général du syndicat Jeunes agriculteurs Samuel Vandal reviennent sur les raisons de la crise viticole en France. Bernard Bouchon se dit vraiment préoccupé par la situation:
"Les vignerons français et plus particulièrement ceux du Sud-Ouest sont particulièrement affectés par cette difficulté qui est de traduire les mêmes coûts de revient que les vins espagnols. Pour moi c'est très grave parce que malheureusement Bordeaux aujourd'hui est obligé de traduire une ligne de valeur du prix du litre de vin qui est devenu un peu mondialisé pour tout ce qu'est la production industrielle. Très malheureusement, je pense qu'il y a dans les grands circuits de distribution des gens qui travaillent sur des lignes parallèles qui ne sont pas forcément des lignes qui sont celles que la législation française et la législation viticole européenne. Il y a des gens qui se comportent en marge de la loi. L'impact de cette situation, c'est que nous avons aujourd'hui un certain nombre de négociants qui dans leur commerce d'exportation avec les pays asiatiques ont tendance à s'approvisionner beaucoup plus sur le marché espagnol que sur le marché français".
Le problème de la différence des prix cohabite avec des incohérences dans la législation européenne réglementant l'étiquetage des vins. Et c'est cela le souci principal, indique Samuel Vandal, Secrétaire Général du syndicat Jeunes Agriculteurs:
"On demande un étiquetage clair sur les produits afin que le consommateur puisse avoir le choix de boire du vin français, du vin espagnole. C'est surtout ça aujourd'hui la difficulté qu'on a. Et aujourd'hui on se rend compte que certaines maisons de vin importent du vin sans forcément mentionner que c'est bien du vin étranger. Les négociations sont compliquées parce qu'en fait ce sont les négociations nationales mais aussi européennes. Pour avoir un règlement il faudrait passer aussi bien par le ministère mais aussi par l'Europe qui doit autoriser l'expérimentation de l'origine des produits. C'est ce qui s'est passé dans le lait et sur la viande. Et donc un vin qui vient du Languedoc Roussillon doit venir du Languedoc Roussillon, on ne doit pas mentir au consommateur".
Cette année, la récolte s'annonce assez maigre en France. Cela aggravera-t-il la crise? Une chose est claire, sans une réglementation adéquate quant à l'étiquetage des vins, il sera difficile de la surmonter.
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