Le personnage clé dans cette histoire est Kahavali Adel, jeune homme qui se bat contre les mariages entre mineurs depuis déjà longtemps. Il a fait des grèves de la faim, a organisé des manifestations et a même installé une tente devant le bâtiment du parlement afghan à Kaboul, mais en vain. Le gouvernement restait indifférent.
Et alors il a menacé de s'immoler si sa demande était rejetée, voilà pourquoi sa voix a enfin été entendue. Des oulémas (théologiens de l'islam) ont promis d'introduire dans un futur proche une fatwa interdisant les mariages précoces.
Une jeune fille = prix pour un meurtre
Deux sœurs du militant Kahavali Adel ont vécu elles-mêmes ce type de mariage, ce qui l'a poussé dans son combat. Les mariages précoces en tant que solution aux problèmes familiaux sont habituels dans l'Afghanistan d'aujourd'hui. Des conflits au sein des tribus et des familles sont résolus de cette manière. Ces querelles étant aussi tout à fait fréquentes: quand on ne réussit pas à régler le problème avec des mots, on sort la grosse artillerie et plusieurs sont victimes d'armes ou de pierres.
Mettre un terme à ce carnage n'est possible que par la voie d'un mariage inter-clanique — cette tradition a la vie dure chez des sages et des pères de famille en Afghanistan. Ainsi, la famille de l'assassin propose une jeune fille à un proche du mort de l'autre.
Les fatwas impuissantes?
Malgré toutes les promesses, l'activiste ne croit pas en la force de la fatwa à venir, ni à ce qu'elle voit le jour. Si la fatwa n'est toujours pas introduite, il sait ce qu'il va faire.
"Je vais m'immoler pour démontrer aux oulémas que ma mort de martyre n'est guère meilleure que les souffrances vécues par les jeunes filles à cause des accords entre les familles", a-t-il déclaré à Sputnik.
Le porte-parole et membre du Conseil des sages religieux Mohammad Qasem Halimi a affirmé que l'islam condamnait les mariages précoces et que son organisation soutenait Kahavali Adel. Selon la députée au parlement afghan Farkhandah Zahra, toute la société afghane est responsable des mariages des mineurs.
"L'incident (l'initiative de M. Adel, ndlr) doit servir de point de départ pour que le Conseil des sages participe plus activement à la vie des citoyens et influence ce qui se passe dans le pays. Cela permettra de résoudre de multiples problèmes et conflits", a expliqué à Sputnik M. Zahra.