Relancer l'UE est actuellement l'une des priorités de F.Hollande. Le renforcement des liens en matière de défense pourrait stimuler le projet européen et consolider l'union face à la menace terroriste. Et en l'absence de la Grande-Bretagne, qui avait toujours paralysé de telles initiatives par le passé, la tâche semble plus facile aujourd'hui. Une défense commune pourrait donc bien voir le jour. Mais certains experts restent sceptiques quant à l'idée d'une Europe de la défense s'inspirant du modèle de Schengen. C'est notamment l'avis du général de division de l'armée de terre française et candidat à la présidentielle 2017 Didier Tauzin.
"Je ne suis pas du tout certain que les conditions soient remplies pour une défense européenne aujourd'hui, a confié le général à Sputnik. D'ailleurs, Schengen est en train de prouver son inefficacité…"
La défense commune est une idée émanant essentiellement de la France, indique le général, que celle-là n'a pas réussi à faire passer depuis 40 ans. Certains pays européens considéraient que c'était une concurrence déloyale faite à l'Otan. Il ne s'agit pourtant pas aujourd'hui d'un remplacement de l'Otan par une structure uniquement européenne, poursuit D. Tauzin.
"Si d'aventure, cette proposition devait aboutir, il y a de fortes chances que ça soit le pilier européen de l'Otan. Dans ce cas, nous ne ferions que renforcer l'Otan qui aujourd'hui est une machine à nous conduire à la guerre, ce que moi je n'accepte pas. Il n'y a pas lieu de remplacer l'Otan. L'Otan est restée au temps de la guerre froide face aux Soviétiques, or c'est fini. La Russie n'est plus un pays ennemi de l'Europe".
L'Otan doit être soit supprimée, selon l'interlocuteur de Sputnik, soit transformée radicalement en une organisation « pour la pacification du monde ».
Washington pousse les pays européens à augmenter leurs budgets de défense mais n'acceptera que d'avoir une sorte de pilier européen au sein même de l'Alliance, selon D. Tauzin. Il est pourtant nécessaire que l'UE désigne indépendamment ses ennemis, Washington et les pays européens n'ayant pas du tout les mêmes intérêts sur la scène internationale.
"Il faut que ce soit pour des intérêts européens et non pas forcément américains. Il faudrait que tous les pays d'Europe prennent leurs distances avec l'Otan. Il faut définir une stratégie commune avec une forme de souveraineté partagée européenne et désigner des buts communs".