Ce document est repris par le très socialiste et très gouvernemental l'Obs. Il détaille le projet du gouvernement consistant à orienter 500.000 chômeurs supplémentaires vers des formations professionnelles. Ainsi, ces 500.000 chômeurs (ou plus précisément « demandeurs d'emploi ») glisseront ainsi de la catégorie « A » à la catégorie « D », qui n'est pas comptabilisée dans les chiffres du chômage diffusés chaque mois par le gouvernement, chiffres qui ne sont basés que sur la catégorie « A ». Le gouvernement pourra prétendre que la courbe du chômage s'est inversée, et François Hollande pourra se représenter à l'élection présidentielle de 2017.
Les ressorts d'une manipulation
Définitions des catégories
Catégorie A: demandeurs d'emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d'emploi, sans emploi;
Catégorie B: demandeurs d'emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d'emploi, ayant exercé une activité réduite courte (i.e. de 78 heures ou moins au cours du mois);
Catégorie C: demandeurs d'emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d'emploi, ayant exercé une activité réduite longue (i.e. de plus de 78 heures au cours du mois);
Catégorie D: demandeurs d'emploi non tenus de faire des actes positifs de recherche d'emploi (en raison d'un stage, d'une formation, d'une maladie, d'un congé maternité,…), sans emploi;
Catégorie E: demandeurs d'emploi non tenus de faire des actes positifs de recherche d'emploi, en emploi (par exemple: bénéficiaires de contrats aidés).
Les faits
Si l'on s'attache aux chiffres des demandeurs d'emploi en métropole, on constate que le chiffre de la catégorie « A », pour le mois de juin 2016, est effectivement plus faible qu'en février, avec 3.525.700 personnes contre 3.591.000. Il semble donc que la courbe du « chômage » se soit, si ce n'est inversée, du moins stabilisée.
Graphique 1
Mais, si l'on prend toutes les catégories représentatives du chômage, soit les catégories A+B+D, l'image change. Après la forte baisse de mars 2016 (et un nombre important de radiations ainsi qu'une forte hausse des emplois aidés), la courbe reprend sa progression. Ce n'est pas étonnant d'ailleurs si l'on regarde la croissance qui a été nulle au deuxième trimestre. Ceci s'explique, d'après l'INSEE, par des dépenses de consommation des ménages qui ralentissent nettement (0,0 % après +1,2 %), tandis que l'investissement (la formation brute de capital fixe ou FBCF) total se replie (-0,4 % après +1,3 %) et que la demande intérieure finale (hors stocks) stagne: sa contribution à l'évolution du PIB étant nulle (après +1,0 point au premier trimestre). Le comportement de stockage des entreprises contribue à nouveau négativement (-0,4 point, après —0,1 point) à la croissance.
Graphique 2
Si l'on regarde maintenant l'ensemble des catégories de demandeur d'emploi (A+B+C+D+E), on constate que le nombre global est bien reparti à la hausse. Les conséquences du mauvais chiffre de la croissance au deuxième trimestre se feront sentir au toisième trimestre, et il faut probablement s'attendre à de nouvelles hausses du chômage dès la fin de l'été.
Graphique 3
Le chômage et sa cause
Pour « sauver l'euro », à la suite de la crise de 2010, on a mis en œuvre des politiques qui ont aggravé les problèmes. Depuis le printemps 2011, les politiques d'austérité, il faut le souligner, ont été décidées dans le cadre de la zone euro avec pour objectif le maintien de la France dans la zone euro.
Telle est la pente néfaste sur laquelle la France est engagée depuis des années. Cette progression est le fruit amer du consensus qui existe entre la politique du centre-droit et celle de la « gauche »; un consensus dont les effets sont, aujourd'hui, dramatiques pour les individus. Plutôt que de chercher à masquer cela par des méthodes indignes, le gouvernement ferait mieux de s'attaquer à la cause première de cette situation, c'est à dire à l'euro.
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