Chômage, mascarade et dissimulation

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Le gouvernement français chercherait-il à camoufler son échec économique ? C’est ce que l’on peut penser à la lecture du document que s’est procuré le « Canard enchaîné ».

Ce document est repris par le très socialiste et très gouvernemental l'Obs. Il détaille le projet du gouvernement consistant à orienter 500.000 chômeurs supplémentaires vers des formations professionnelles. Ainsi, ces 500.000 chômeurs (ou plus précisément « demandeurs d'emploi ») glisseront ainsi de la catégorie « A » à la catégorie « D », qui n'est pas comptabilisée dans les chiffres du chômage diffusés chaque mois par le gouvernement, chiffres qui ne sont basés que sur la catégorie « A ». Le gouvernement pourra prétendre que la courbe du chômage s'est inversée, et François Hollande pourra se représenter à l'élection présidentielle de 2017.

Les ressorts d'une manipulation

Tollé international pour Browser le chat au chômage - Sputnik Afrique
Tollé international pour Browser le chat au chômage
Pour comprendre l'enjeu de cette manipulation, il faut d'abord revenir sur quelques faits. Les données présentées en France ne sont pas celles du « chômage » mais uniquement celles des « demandeurs d'emploi ». Elles sont collectées par la DARES. Les données des demandeurs d'emplois sont des données administratives, et peuvent faire l'objet de corrections, en particulier quand le demandeur d'emploi ne remplit pas certaines des conditions pour se voir inscrit. Dans ce cas, il est rayé des listes et « disparaît », mais ne cesse pas pour autant d'exister comme « chômeur ». Ces données sont de plus réparties en catégories qui sont définie par la DARES, qui est l'organisme en charge de ces statistiques.

Définitions des catégories

Catégorie A: demandeurs d'emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d'emploi, sans emploi;
Catégorie B: demandeurs d'emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d'emploi, ayant exercé une activité réduite courte (i.e. de 78 heures ou moins au cours du mois);
Catégorie C: demandeurs d'emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d'emploi, ayant exercé une activité réduite longue (i.e. de plus de 78 heures au cours du mois);
Catégorie D: demandeurs d'emploi non tenus de faire des actes positifs de recherche d'emploi (en raison d'un stage, d'une formation, d'une maladie, d'un congé maternité,…), sans emploi;
Catégorie E: demandeurs d'emploi non tenus de faire des actes positifs de recherche d'emploi, en emploi (par exemple: bénéficiaires de contrats aidés).

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Forte hausse du chômage en octobre: 42.000 demandeurs d'emploi de catégorie A
C'est donc très abusivement que le gouvernement ne retient que la catégorie « A » comme indicateur du chômage. On peut d'ailleurs se demander pourquoi les journalistes français le suivent dans cette voie. En effet le chômage réel, tel que l'on peut l'estimer à partir du nombre des demandeurs d'emploi couvre en réalité les catégories A + B + D, et l'on peut considérer que la catégorie B+D correspond à un chômage masqué statistiquement.

Les faits
Si l'on s'attache aux chiffres des demandeurs d'emploi en métropole, on constate que le chiffre de la catégorie « A », pour le mois de juin 2016, est effectivement plus faible qu'en février, avec 3.525.700 personnes contre 3.591.000. Il semble donc que la courbe du « chômage » se soit, si ce n'est inversée, du moins stabilisée.

Graphique 1

© Photo DARESla catégorie « A »
la catégorie « A » - Sputnik Afrique
la catégorie « A »

Mais, si l'on prend toutes les catégories représentatives du chômage, soit les catégories A+B+D, l'image change. Après la forte baisse de mars 2016 (et un nombre important de radiations ainsi qu'une forte hausse des emplois aidés), la courbe reprend sa progression. Ce n'est pas étonnant d'ailleurs si l'on regarde la croissance qui a été nulle au deuxième trimestre. Ceci s'explique, d'après l'INSEE, par des dépenses de consommation des ménages qui ralentissent nettement (0,0 % après +1,2 %), tandis que l'investissement (la formation brute de capital fixe ou FBCF) total se replie (-0,4 % après +1,3 %) et que la demande intérieure finale (hors stocks) stagne: sa contribution à l'évolution du PIB étant nulle (après +1,0 point au premier trimestre). Le comportement de stockage des entreprises contribue à nouveau négativement (-0,4 point, après —0,1 point) à la croissance.

Graphique 2

© Photo DARESles catégories A+B+D
les catégories A+B+D - Sputnik Afrique
les catégories A+B+D

Si l'on regarde maintenant l'ensemble des catégories de demandeur d'emploi (A+B+C+D+E), on constate que le nombre global est bien reparti à la hausse. Les conséquences du mauvais chiffre de la croissance au deuxième trimestre se feront sentir au toisième trimestre, et il faut probablement s'attendre à de nouvelles hausses du chômage dès la fin de l'été.

Graphique 3

l’ensemble des catégories de demandeur d’emploi (A+B+C+D+E)
l’ensemble des catégories de demandeur d’emploi (A+B+C+D+E) - Sputnik Afrique
l’ensemble des catégories de demandeur d’emploi (A+B+C+D+E)

Le chômage et sa cause

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Y-a-t-il eu une amélioration de l'emploi?
Ce chômage de masse n'est nullement inévitable mais bien le produit d'une politique économique directement et indirectement conditionnée par l'euro. Dans un rapport publié le 26 juillet dernier, le FMI non seulement montre que l'activité dépend dans une large mesure du taux de change, mais il montre aussi que le taux de change de l'euro est surévalué pour la France de 6% et sous-évalué de 15% pour l'Allemagne, aboutissant à un écart de 21% entre les deux pays. Cette situation, aggravée par une politique économique absurde mise en place justement en raison de l'appartenance de la France à la zone euro est l'une des explications du chômage de masse qui sévit dans notre pays. La faible croissance de l'économie et la stagnation de l'industrie entraînent un chômage important lié à l'effet dépressif qu'exerce l'euro sur l'économie française et que les gouvernements connaissaient et ceci depuis la mise en place de la monnaie unique.
Pour « sauver l'euro », à la suite de la crise de 2010, on a mis en œuvre des politiques qui ont aggravé les problèmes. Depuis le printemps 2011, les politiques d'austérité, il faut le souligner, ont été décidées dans le cadre de la zone euro avec pour objectif le maintien de la France dans la zone euro.

Telle est la pente néfaste sur laquelle la France est engagée depuis des années. Cette progression est le fruit amer du consensus qui existe entre la politique du centre-droit et celle de la « gauche »; un consensus dont les effets sont, aujourd'hui, dramatiques pour les individus. Plutôt que de chercher à masquer cela par des méthodes indignes, le gouvernement ferait mieux de s'attaquer à la cause première de cette situation, c'est à dire à l'euro.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

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