"Nous avons vraiment tout fait pour, mais il y a des risques que nous n'arrivons pas à réduire. C'est une décision douloureuse", a expliqué vendredi la maire de Lille, Martine Aubry, très émue au moment d'annoncer cette annulation, qui fait suite à d'autres du même type en France (feu d'artifice de La Baule du 15 août, meeting aérien de la Patrouille de France à Marseille le 13 août…).
Les autorités ont également justifié leur décision en s'appuyant sur les réservations d'hôtels et des transports "en baisse", preuve selon Mme Aubry qu'il "y avait déjà une angoisse et une peur".
Bien que les conditions de sécurité aient été "revues à la hausse" avant même l'attentat de Nice du 14 juillet, qui a fait 85 morts, la municipalité, en accord avec les services de l'Etat, a estimé que le risque était finalement trop important dans ce contexte d'état d'urgence.
Etaient ainsi prévues une réduction du périmètre des exposants, une forte augmentation de la présence policière ou encore l'interdiction de toute bonbonne de gaz.
Mais en raison des "camionnettes qui entrent en permanence sur les lieux", du "fort volume de marchandises" et de la "présence massive d'un certains nombre de personnes dans un périmètre restreint", l'annulation "était la seule décision raisonnable".
"Je prends mes responsabilités en suspendant"
"Faire la braderie avec des tireurs d'élite sur tous les toits, des CRS à chaque coin de rue, des hélicoptères et des drones qui tournent partout, pour moi, ce n'est pas l'esprit de la braderie", a estimé Mme Aubry.
Cette décision "brutale" est "incompréhensible", a immédiatement critiqué auprès de l'AFP le président de l'UMIH (Union des métiers et industries de l'hôtellerie) des Hauts-de-France, Thierry Grégoire. "Elle a été prise sans concertation des forces économiques. C'est un coup très dur, en termes économiques et en termes d'image renvoyée. (…) Un format nouveau de la braderie aurait pu être inventé pour cette édition", alors que Mme Aubry et M. Lalande ont affirmé qu'ils allaient "repenser le modèle" pour 2017.
"La décision de suspendre est prise non pas parce que la braderie est victime de son histoire, mais en raison de son modèle hype-rurbain avec ses rues pleines de monde", a précisé M. Lalande.
Du côté des Lillois, le sentiment d'amertume se mêle à la compréhension. "Il y a quand même des problèmes de sécurité et s'il arrivait quelque chose effectivement, on s'en voudrait de l'avoir maintenue (…) Ce sera une grosse déception bien sûr (…)", résume ainsi Michel, la soixantaine, un habitant du Vieux-Lille.
N'importe quoi l'annulation de la Grande Braderie de Lille, trois ou quatre Henri Guaino à lance-roquettes bien placés et c'était sécurisé.
— Eric M. (@ceciestmontweet) 5 августа 2016 г.
Braderie de Lille annulée en dernière minute. Aucun rapport avec la forte communauté immigrée et les zones de Non France du département?
— Gabriel Robin (@gabirobfrance) 5 августа 2016 г.
Lors de cet immense vide-grenier, organisé sur 100 km d'étals et accueillant 10.000 exposants, les hôtels affichent complet durant trois nuits et "certains cafés et restaurants assurent entre 10 et 30% de leur chiffre annuel", a encore souligné M. Grégoire.
Mme Aubry ne s'est par ailleurs pas privée de critiquer le premier adjoint et ex-maire de Nice Christian Estrosi (Les Républicains) qui, après l'attaque sur la promenade des Anglais, avait pointé du doigt l'Etat.
"Moi, je ne suis pas M. Estrosi. Je prends mes responsabilités en suspendant. Jamais je ne reporte la responsabilité sur l'Etat. C'est ma responsabilité morale de dire que je ne peux pas prendre un risque pour les bradeux et les touristes", a-t-elle poursuivi.