Les virus tueurs, de la grippe espagnole à Ebola
Une épidémie de grippe espagnole a éclaté en 1918, qui a atteint près d'un tiers de la planète et emporté entre 20 et 60 millions de vies. La pandémie avait engendré de nombreuses rumeurs et théories. Les journaux parlaient d'espions allemands qui contaminaient les puits, les bolcheviks et les anarchistes étaient accusés de répandre l'épidémie et bien évidemment on prédisait à l'humanité un rapide déclin. Cependant, la grippe espagnole s'est terminée en 1919 aussi soudainement qu'elle était apparue, laissant derrière elle de sombre souvenirs, une vague de virusophobie et des bactéries dangereuses qui ont provoqué des épidémies importantes du XXe siècle.
Depuis la grippe espagnole, l'humanité a été saisie de plusieurs crises de virusophobie, accompagnées de nombreuses prévisions apocalyptiques.
L'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), dite "maladie de la vache folle", a commencé à faire mourir les bovins au Royaume-Uni en 1980. La maladie s'est ensuite attaquée à l'homme et des prédictions sur l'ampleur de l'épidémie ont immédiatement été formulées. Les médias avertissaient que "les Britanniques devaient se préparer à des milliers, des dizaines de milliers, des centaines de milliers de cas de contamination par le virus ESB".
Le virus du Sida, décrit pour la première fois en 1986, a provoqué une panique comparable.
La pneumonie atypique a pris le relais en 2003 et les informations sur sa propagation ressemblaient à des bulletins du front. Pékin et Toronto avaient décrété une quarantaine et les masques médicaux étaient devenus un accessoire à la mode. Mais l'apocalypse ne s'est pas non plus produite cette fois-ci. La maladie a emporté 774 vies avant de disparaître.
Le tonnerre a retenti à nouveau en 2005 avec la grippe aviaire. Un membre de l'Onu l'a qualifiée de "combinaison du réchauffement climatique et du VIH/Sida, capable de se répandre dix fois plus vite qu'aujourd'hui". L'Organisation mondiale de la santé (OMS) prédisait entre 2 et 7,4 millions de cas mortels. Hollywood en a même fait un film en 2006: Virus — Nouvelle menace (Fatal Contact: Bird Flu in America). Au cinéma les événements suivaient le pire des scénarios: le virus était transmis d'homme à homme, suscitant une grande panique, des dizaines de millions de morts et menaçant le monde d'extinction. Mais la réalité fut très différente. La maladie a reculé fin 2007 et 200 cas mortels ont été avérés.
A peine les passions s'étaient-elles apaisées après la grippe aviaire que la grippe porcine lui a succédé: A/H1N1, un parent proche de la grippe espagnole. Elle a fait parler d'elle pour la première fois en 1976 mais s'est fait connaître en 2009 avec le début d'une pandémie. Elle s'est déclenchée au Mexique, et une réaction en chaîne a frappé toute la planète, causant près de 6 000 décès. L'OMS a attribué à cette grippe le niveau de menace maximal.
Le président américain Barack Obama avait également contribué à la panique en décrétant l'état d'urgence dans un décret proclamant A/H1N1 "menace nationale pour les États-Unis".
Une nouvelle fin du monde était encore prédite en 2014 à cause de la fièvre Ebola. Cette fois aussi, on a compté des milliers de morts et la communauté internationale était vraiment bouleversée. Les médias ne lésinaient pas sur les prévisions effrayantes et les gouvernements investissaient des millions d'euros pour lutter contre cette "peste du XXIe siècle".
Obama, encore lui, avait cette fois qualifié la fièvre Ebola de "principale menace pour l'humanité", avant la Russie et le terrorisme international.
Nous savons comment l'histoire d'Ebola s'est terminée.
Le président de Microsoft Bill Gates a également apporté sa contribution à la tirelire apocalyptique. L'an dernier, il avait prédit une grande épidémie d'une maladie infectieuse qui allait emporter des millions de vies. Dans une interview accordée à Vox il déclarait avoir réuni un groupe de chercheurs pour simuler une éventuelle catastrophe infectieuse. D'après les conclusions des experts, en cas de propagation d'une maladie telle que la grippe espagnole, 33 millions de personnes pourraient mourir en l'espace de 250 jours.
Les menaces écologiques
Pendant la seconde moitié du XXe siècle, l'impact négatif de l'homme sur l'environnement a atteint des proportions inquiétantes et les écologistes ont tiré la sonnette d'alarme. Les pesticides furent les premiers produits pointés du doigt. Leur usage, selon certains experts, devait entraîner une épidémie de cancer et une destruction de la nature.
La pollution s'est ensuite retrouvée à l'agenda dans les années 1970.
Puis, durant la décennie suivante, on prédisait la disparition des forêts à cause de pluies acides. Les Allemands se sont retrouvés à l'avant-garde de la lutte pour sauver les "poumons de la planète" et le magazine Der Spiegel est paru en novembre 1981 avec le titre de une "Les forêts meurent". Le pédologue Bernard Ulrich, de l'université de Göttingen, était bien plus catégorique: "Les forêts ne peuvent plus être sauvées".
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— voice-design (@voice_design) 31 марта 2016 г.
Le trou dans la couche d'ozone fut un autre chevalier de l'apocalypse des années 1970. Les scientifiques ont découvert que la couche d'ozone avait commencé à s'amincir au-dessus de l'Antarctique et que l'humanité risquait une catastrophe imminente à cause du trou formé.
En cause: les chlorofluorocarbures (CFC) utilisés dans les réfrigérateurs et les aérosols. Un accord international a été signé sur l'interdiction des CFC à partir de 1996. C'est visiblement par crainte d'une telle décision que le trou a cessé de croître à la veille de la signature du texte… Les écologues ont découvert récemment que le trou dans la couche d'ozone au-dessus de l'Antarctique s'était réduit.
Un manque de ressources
Quel sera le sort de l'humanité après l'épuisement des ressources naturelles? La question est tout aussi rhétorique qu'elle est apocalyptique. Les minerais, notamment les métaux, furent les premiers à figurer sur la liste des matières premières en phase d'épuisement. En 1970, Harrison Brown, membre de l'Académie nationale des sciences, affirmait dans le magazine Scientific American que les réserves de plomb, de zinc, d'étain, d'or et d'argent seraient épuisées d'ici 1992.
Le pétrole et le gaz devaient connaître le même sort. Tel fut le leitmotiv du XXe siècle, dont on entend encore les échos à ce jour.
Le spectre du malthusianisme
Bientôt, la surpopulation de la planète entraînera inévitablement la famine: ce pronostic peu rassurant est répété depuis plusieurs décennies, terrifiant les natures les plus sensibles.
Quand la science-fiction effraie le monde réel
Les auteurs de science-fiction sont les champions des prévisions apocalyptiques. Dans leurs fantaisies littéraires ils ont souvent prédit la fin du monde pour l'humanité. Toutefois, les lecteurs expliquaient généralement toutes leurs inventions par leur riche imagination. Mais la prédiction de Ray Bradbury a été prise au sérieux: les amateurs des œuvres de l'écrivain attendaient vraiment la fin du monde qui, selon La dernière nuit du monde, devait se produire le 19 octobre 1969 après le coucher du soleil.
Les fantasmes de l'an 2000
Le pic de prédictions apocalyptiques a été enregistré en 2000, quand près de 30 prophéties avaient assimilé le passage au nouveau millénaire à la fin du monde. Un défilé des planètes prévu pour le 5 mai 2000, un choc avec un astéroïde, une guerre nucléaire…
L'une des plus exotiques avait été baptisée le "bug de l'an 2000". A la charnière des millénaires, dans la nuit du 31 décembre 1999 au 1er janvier 2000, le monde devait plonger dans le chaos car les ordinateurs ne seraient pas capables de faire la transition. Après minuit, les ordinateurs du monde entier auraient décidé que nous étions en 1900 au lieu de 2000 et annuleraient toutes les données.
Un autre jour fatal pour l'humanité avait été prédit pour le 06.06.06. Plus d'un éprouvait une horreur mystique en voyant apparaître le "nombre de la bête" dans le calendrier.
Certaines femmes avaient même peur d'accoucher ce jour-là par crainte de donner naissance au diable. Par exemple, la Britannique Melissa Parker, qui était au 9e mois de grossesse, a déclaré: "Quand j'ai appris cette date, j'ai pensé — oh, mon Dieu, je vais mettre au monde Damien de La Malédiction (The Omen)".
Hollywood aussi n'a pas laissé passer le sujet avec un remake de La Malédiction sorti le 6 juin 2006.
L'apocalypse vue par la science
Certains ont adopté une approche scientifique de l'apocalypse. Le lancement du Grand collisionneur de hardons (LHC) en 2008 avait fait beaucoup de bruit et certains chercheurs prédisaient que le choc des particules provoquerait l'apparition d'un trou noir qui aspirerait toute la planète. Deux Américains effrayés par cette perspective ont saisi le tribunal fédéral du district d'Hawaï, accusant l'Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN) de tenter d'organiser la fin du monde et exigeant d'interdire le lancement du LHC jusqu'à ce que la sécurité soit garantie.
Ils ne furent pas les seuls. Un groupe de scientifiques a également envoyé à la Cour des droits de l'homme de Strasbourg une plainte exigeant d'interdire le lancement du LHC, sous prétexte qu'"il pourrait conduire à l'apparition de trous noirs et à la fin du monde".
On peut noter également les expériences pseudoscientifiques du prédicateur américain Harold Camping qui, en s'appuyant sur l'étude de la Bible et des calculs mathématiques précis, avait déterminé le jour de la fin du monde — le 21 mai 2011 selon lui. Il en informait régulièrement les auditeurs de sa propre station de radio Family Radio et l'auditoire familial, inquiet, a commencé les préparatifs… Mais la fin du monde n'a pas eu lieu à la date annoncée. Camping a alors reporté la date au 21 octobre. Le résultat fut le même.
Le célèbre physicien Stephen Hawking a également prédit la fin de l'humanité et met en garde contre l'arrivée sur Terre d'extraterrestres, qui pourraient vouloir s'emparer de nos ressources naturelles.
Les calendriers anciens
Une nouvelle fin du monde était prévue le 21 décembre 2012 selon le calendrier maya — qui s'arrêtait à cette date. Selon les croyances mayas, quatre cycles, ou soleils, se sont écoulés depuis la création de l'humanité et chacun se termine par une destruction presque totale de la civilisation. Le "cinquième soleil" était censé se coucher le 21 décembre.
Les menaces venues de l'espace
Comètes et astéroïdes font partie des motifs les plus répandus quand il s'agit de prédire la fin du monde. Parmi les objets volant dans l'espace, la comète de Halley est la plus populaire parmi les pessimistes: depuis très longtemps, son rapprochement de la Terre présage des catastrophes en tout genre.
En particulier, l'apparition de la comète de Halley en 1222 avait précédé l'invasion tataro-mongole de la Russie.
Ce précurseur de catastrophes a encore fait parler de lui au XXe siècle. En 1910, la Terre a traversé la queue de la comète de Halley et des rumeurs se sont alors répandues sur l'empoisonnement de l'atmosphère terrestre par des gaz de comète toxiques pour l'homme. Certains entrepreneurs américains avaient saisi l'opportunité pour vendre des pilules Comet afin de s'en prémunir.
2029 ou 2880?
On connaît déjà plusieurs chocs à venir entre la Terre et des corps célestes.
Une apocalypse a même été calculée à la minute près: le 13 avril 2029 à 4h36 UTC/GMT, l'astéroïde Apophis stockant l'énergie de 65 000 bombes nucléaires, pesant 50 millions de tonnes et mesurant 320 mètres de diamètre, croisera l'orbite de la Lune et s'élancera en direction de la Terre à 45 000 km/h.
Si Apophis passait à côté, la prochaine fois que la Terre serait percutée par un astéroïde géant serait le 16 mars 2880. Selon les calculs de chercheurs américains, tout le monde vivant serait alors anéanti.
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