L’observateur du quotidien Wall Street Journal Matthew Futterman, qui exprime cette idée, précise que son article ne vise pas du tout à permettre aux athlètes russes de participer aux Jeux. Selon lui, il est évident qu'il est mieux d'organiser des compétitions avec aucun sportif pris pour dopage, mais selon l'enquête de l'Agence mondiale antidopage (AMA), cela n'était pas le cas pour les JO à Sotchi. Dans une situation pareille, "il n'est pas possible de ne pas compatir avec les autres sportifs qui ont des frissons à l'idée de devoir être aux côtés des Russes dans les starting-blocks". Pourtant, il est évident que sans les Russes les JO n'auront pas une telle envergure.
Selon l'auteur de l'article, les JO ont été les plus fascinants quand "les deux superpuissances" se sont retrouvées face à face. Dans les années 1970 et 1980, la rivalité entre l'est et l'ouest pendant les JO était considérée comme une "forme civilisée de guerre". Alors, l'Occident présentait l'URSS et l'Allemagne de l'Est comme des "malfaiteurs" qui, selon l'observateur du Wall Street Journal, "escroquaient" et poursuivaient en justice leurs adversaires.
"Mais toutes les manifestations d’injustice — et toutes les difficultés visant à les résoudre — ont contribué à donner la sensation d'enjeux encore plus grands. Ce n'était pas un simple combat de l'ouest contre l'est ou de la démocratie contre le communisme. C'était le combat du Bien contre le Mal, et c'était parfait", écrit M. Futterman.
Après la chute du rideau de fer, les JO sont devenus moins captivants, affirme Matthew Futterman. Mais, ces dernières années, un autre petit grain de sel est apparu, le président Vladimir Poutine, "comme ses prédécesseurs en URSS", il a fait de la participation des Russes aux JO et dans d'autres compétitions internationales l'affirmation de la puissance du pays.
L'exclusion totale de l'équipe russe menace de faire des JO une série ininterrompue de victoires des Etats-Unis, comme c'était le cas en 1984 à Los Angeles, quand l'URSS a boycotté ces JO. A l'époque, l'Amérique avait obtenu 174 médailles dont 83 en or. La Roumanie avait été deuxième avec ses 53 médailles dont 20 en or. Actuellement, les Etats-Unis peuvent concourir seulement avec la Chine, mais les Chinois sont plutôt dans les premiers en ping-pong et en badminton, et ce n'est pas la même chose: l'observateur du Wall Street Journal en est sûr, il n'y aura aucun suspense.
Les JO à Sotchi ont montré que la Russie avait besoin des Jeux pour récupérer son autorité au XXIe siècle. Mais les JO, eux aussi, ont besoin de la Russie, résume Matthew Futterman.