L'AKP, parti au pouvoir en Turquie, est profondément déçu par le manque de soutien suffisant de la part des pays occidentaux sur le plan de la prévention du coup d'Etat dans le pays, a déclaré dans un entretien exclusif à Sputnik Aktay Yasin.
"Lorsque l'Union européenne se soucie des droits des putschistes, nous commençons à nous demander si ce ne sont pas eux qui se cachent derrière cette histoire. La Turquie a été délaissée. Les ennemis de l'Etat turc deviennent les amis de l'Europe", a-t-il regretté.
Et d'ajouter que selon lui l'Occident devait au contraire s'intéresser à la punition qu'Ankara prévoyait contre les putschistes qui cherchaient à bafouer les droits des autres, au lieu d'évoquer les droits de l'homme et de reprocher à la Turquie sa violation.
"Qu'ils se regardent d'abord. La France et la Belgique, elles aussi, ont un problème avec le terrorisme. Suite aux attentats, la situation d'urgence a été décrétée et la haine envers les musulmans a atteint son apogée. Nous n'avons jamais demandé quelles mesures ces pays avaient mises en place contre la menace terroriste. Ils ont le droit d'appliquer toutes les mesures du monde, sauf celles qui portent atteinte aux droits de l'homme. Mais ce n'est pas le bon moment pour soulever ce genre de questions", a relaté l'homme politique.
Pour lui, la Turquie, pays plongé dans le deuil, n'a même pas reçu de condoléances appropriées, et ce, malgré plus de 200 victimes et plus de 2.500 blessés.
Pour l'homme politique, ce qui distinguait cette tentative de coup d'Etat de toutes les autres que le pays a connues par le passé, c'est que les putschs précédents bénéficiaient du soutien du peuple, et c'est justement pour cette raison qu'ils ont été couronnés de succès.
Mais pendant ce temps, l'Europe se soucie du sort des putschistes, de ceux qui ont lancé des bombes sur le siège du parlement turc, s'est exclamé M. Yasin, avant de faire comprendre que l'Europe menait une politique de deux poids, deux mesures. Il a rappelé qu'en Egypte 50.000 personnes se sont retrouvées derrière les barreaux à l'issue du dernier coup d'Etat et certains y étaient incarcérés depuis trois ans, et pourtant leur sort ne préoccupe pas l'Europe.
Et de conclure que l'Europe prenait sous son aile tous ceux qui s'attaquent à l'Europe, tous ses ennemis. Mais lorsque la Turquie subit une agression, personne ne lui accorde le moindre soutien, ce qui est regrettable.