Après la tentative de coup d'Etat avortée, le président turc peut suivre deux scénarios possibles. Le premier est radical. Conservateur et orienté vers l'islam, Erdogan a déjà défié le principe de la séparation de l'Eglise et de l'Etat, y compris dans le domaine de l'éducation. Désormais, il pourrait profiter de l'esprit religieux qui règne après le putsch, négliger la constitution turque et déclencher une révolution islamique.
La situation actuelle en Turquie ressemble à celle en Iran en 1979, lors de la révolution islamique. A l'époque, il y avait également des troubles dans les rues, les mosquées appelaient à rejoindre les actions politiques et on assistait à une confusion entre la politique et la religion, indique l'analyste. Il est peu probable qu'Erdogan choisisse cette option.
Cette approche est plus dans le style du leader turc, pragmatique et orienté vers une ligne progressive d'actions. Avant le putsch, il a réussi à obtenir un pouvoir immense, après avoir accompli pendant 13 ans un parcours extraordinaire dans le but d'atteindre cet objectif.
Avant la tentative de coup d'Etat, le président s'est positionné comme harceleur de ses opposants, accusant par ailleurs les personnes harcelées de complot. Aujourd'hui qu' il est clair qu'un complot a vraiment eu lieu, la lutte contre les opposants sera plus intense. Plus le président sera proche du pouvoir absolu, plus il sera difficile pour ses opposants de le combattre démocratiquement, toute démarche de ces derniers pouvant être qualifiée de complot et considérée comme illégale, estime Soner Cagaptay.