"La manière de réagir du président qui enlève de l'appareil de justice plusieurs milliers de juges et de procureurs et qui met l'exécution capitale à l'ordre du jour, tout cela suscite des interrogations", souligne-t-il, interrogé par Sputnik.
Selon lui, le président Recep Tayyip Erdoğan voulait modifier la constitution mais il n'avait pas pu le faire à cause de l'absence de soutien du parlement. L'expert allemand trouve que le dirigeant turc "se sert de cet incident pour changer la constitution de 1982 et pour réaliser ses idées autocrates concernant le système gouvernemental. C'est ce qu'il va faire tout de suite", estime-t-il.
Les relations déjà tendues entre l'Union européenne et Ankara se détériorent. La possibilité d'introduction de l'exécution capitale suscite la préoccupation de Bruxelles. M.Liedtke estime que les opposants de l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne sont dans une situation avantageuse dont ils vont se servir pour priver la Turquie du statut de candidat.
D'après l'expert, la situation à la base d'Incirlik, où sont gardées les armes nucléaires de l'Otan, était très dangereuse au moment du coup d'Etat.
"L'armée d'un pays membre de l'Otan a échappé à tout contrôle pour un instant. L'Otan en tant qu'alliance militaire ne doit ni permettre ni endurer cela", lance l'expert, qui reste dans le même temps certain qu'on n'expulsera pas la Turquie de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord.
L'ex-commandant de la base aérienne, le général Bekir Ercan Van, accusé de complicité dans l'affaire du coup d'Etat perpétré en Turquie le 15 juillet, a été arrêté. Il a demandé l'asile politique aux Etats-Unis, mais sa requête a été refusée.
Si Erdogan remporte la victoire contre les rebelles, cela deviendra une défaite tragique de la démocratie turque.
"La démocratie turque est une démocratie défectueuse. Désormais, elle souffrira encore plus, alors on ne peut pas parler ici de démocratie", conclut l'expert.