Les ministres des Finances de la zone euro ont enclenché mardi une procédure de sanctions, inédite dans l'histoire de la monnaie unique, à l'encontre de l'Espagne et du Portugal, en dérapage budgétaire.
"Vous parlez de dérapage (pour l'Espagne et Portugal), mais je vous dis que c'est toute l'Europe qui est en train de déraper", affirme M. Santi, macroéconomiste et auteur de plusieurs ouvrages de référence.
Selon lui, les sanctions qui pourraient être prises par l'Eurogroupe n'ont plus aucune importance aujourd'hui.
"L'Eurogroupe est dans son splendide isolement, dans une tour d'ivoire qui le déconnecte totalement d'avec la réalité géopolitique et économique de l'Europe actuelle. Ce qu'il fait et ce qu'il ne fait pas va passer complètement inaperçu, d'autant plus qu'il y a beaucoup plus urgent à gérer, je ne parle même pas du Brexit, je parle du sauvetage de la Deutsche Bank — la prochaine crise systémique que nous allons avoir en Europe", explique l'économiste.
Dans le même temps, le Portugal n'est pas le prochain pays à vraiment vouloir sortir. C'est plutôt l'Italie qui devrait prochainement sortir parce que les banques italiennes sont dans une très mauvaise posture, poursuit-il. Wolfgang Schäuble, ainsi que toute l'élite technocratique allemande refuse catégoriquement de venir en aide aux banques italiennes. Ainsi, le premier ministre italien Matteo Renzi est livré à lui-même.
"Pour ne pas se faire dépasser par le populisme dans son pays, il va sans doute être obligé d'organiser un référendum. L'attitude du gouvernement — de Mme Merkel et de M. Schäuble — plombe littéralement toute l'Europe, et cela fait 50 ans que ça dure".
Le Brexit, à son tour, est en grande partie imputable à l'austérité, à toutes ces mesures économiques et financières stupides qui ont secoué l'Europe et qui maintenant vont très probablement contribuer à sa désintégration.
"Cette envie de référendums ne va peut-être pas gagner la France, mais très probablement qu'il va y avoir un séisme, à mon avis, à la prochaine élection présidentielle", résume M. Santi. "Si le contexte géopolitique reste le même, et il ne changera pas parce que nous sommes confrontés à des Allemands qui restent sur leurs positions, il peut y avoir des surprises de taille aux prochaines élections présidentielles avec Dieu sait quoi ensuite".