Ce n'est plus de la science-fiction, mais bien une réalité culturelle et politique: des implants connectés à l'augmentation du cerveau en passant par la robotisation de notre corps, la Science nous promet une vie plus heureuse et fascinante…
Ainsi la science a-t-elle franchi un cap: il ne s'agit plus de guérir l'être humain mais de l'améliorer. Mais qu'en sera-t-il? Le transhumanisme sera-t-il un progrès social ou le meilleur des mondes possibles? Une énième utopie prométhéenne ou la soumission juste et nécessaire de la nature par l'homme?
Autour de ce sujet complexe, Parade-Riposte a accueilli Didier Coeurnelle, porte-parole de l'association française transhumaniste et auteur de l'ouvrage Technoprog, le transhumanisme au service du progrès social (FYP, 2016) et Eric Letty, journaliste et auteur de Résistance au meilleur des mondes possibles (PG de Roux en 2015).
Des positions tranchées pour un débat vif!
Didier Coeurnelle, croyant en la perfectibilité et au progrès, entend briser les limites de la vie humaine:
« Rendre l'être humain plus résistant, plus empathique, et lui permettre notamment de vivre en bonne santé beaucoup plus longtemps. Il est envisageable aujourd'hui de vaincre les maladies dues au vieillissement (…) 90% des décès sont dus à des maladies liées au vieillissement. Pour aller encore plus loin, il faudra des recherches scientifiques. Le décès est la grande source de souffrance à laquelle nous pouvons envisager de mettre fin! » Avant d'ajouter: « Une des choses qui font la richesse de l'humanité, c'est d'aller vers plus d'unité, et d'avoir des solidarités de plus en plus larges. Pour cela, l'une des conditions, c'est le progrès technologique! »
Eric Letty a, de son côté, souligné:
« Aldous Huxley annonce de manière étonnante le monde vers lequel nous nous dirigeons, et le transhumanisme en est un élément fort: ce qui est caractérise ce monde est l'eugénisme. C'est une société de plaisir, qui retire à l'homme sa liberté. Il y a un tri dans l'humanité et une disparition des liens fondamentaux qui lient les hommes les uns entre les autres — notamment la famille. Jacques Attali annonçait une humanité unisexe, où le couple aura éclaté. (…) C'est un monde où il n'y a plus de liens, où les gens sont élevés par des techniques comme la procréation artificielle, l'ectogénèse (utérus artificiel). Le transhumanisme va dans ce sens-là, et je ne vois pas comment on peut parler d'empathie dans un monde de cyborgs. »