Selon un sondage IFOP paru par Atlantico, 81% des Français craignent l'explosion d'affrontements violents entre communautés un peu partout sur le territoire français, si les attentats islamistes se reproduisaient dans les prochains mois. C'est aussi ce qu'exprimait récemment Patrick Calvar, le patron de la DGSI: « cette confrontation, je pense qu'elle va avoir lieu. Encore un ou deux attentats et elle adviendra… »
Alors, sinistrose ou réalisme? Le pire est-il à venir? Pour aborder ce sujet grave, Sputnik News a reçu Ivan Rioufol, éditorialiste au Figaro et auteur de l'essai « La guerre civile qui vient » (Editions Pierre-Guillaume de Roux, 2016). Par cet ouvrage, Rioufol entend « alerter l'opinion un peu somnolente, qui se laisse bercer par le discours dominant qui voudrait lui faire croire que nous vivons un vivre-ensemble heureux, une identité heureuse, alors que nous subissons un multiculturalisme dans les plis duquel pourrait germer une guerre civile. »
Selon, l'heure est à la confrontation: « Ce que je vois apparaître, ce serait une guerre idéologique: cet islam radical qui porte la rupture face à la société occidentale ». « Ce totalitarisme islamique, que je ne confonds pas, bien sûr avec l'islam et les musulmans, mais qui risque de faire en sorte qu'une partie de l'opinion se laisse aller à accuser par facilité le musulman comme bouc émissaire », précise-t-il. Pour éviter le scénario catastrophe, Rioufol affirme qu'« il est urgent que la communauté musulmane aide la communauté nationale à isoler ce totalitarisme islamique qui la caricature, c'est-à-dire que la communauté musulmane sorte de son silence, sorte de cette zone grise, de cette sorte de consentement tacite, pour être un peu polémique, qu'elle laisse voir à chaque attentat commis au nom d'Allah ». « Car à chaque attentat commis au nom d'Allah, non seulement les autorités françaises mais aussi les autorités musulmanes le répètent. C'est de cette confusion là qu'il faut sortir. »
Mais son essai est avant tout une critique cinglante des errements français: « Je rends hommage au fond à l'islam: il nous montre ce que nous sommes devenus. Je fais moins grief à l'islam d'être une idéologie dynamique qu'à notre propre culture de s'être oubliée depuis maintenant 40 ou 50 ans à force de déconstruction, de haine et d'oubli de soi, d'avoir dénigré ce qu'étaient une nation, un peuple, des racines, un français de souche (…) »
Rioufol reste cependant optimiste. Le sursaut selon lui encore possible: « Je ne crois pas à la capacité aujourd'hui de la démocratie représentative de faire front à ce qui nous menace, cette démocratie représentative et les élites n'ont rien vu venir depuis 40 ou 50 ans. C'est à la société civile de prêter main forte, et non suppléer à la représentation: elle a un rôle d'alerte à jouer, afin que les hommes politiques descendent du balcon, cessent d'être dans leur confort intellectuel et voient comment les Français souffrent d'une grave crise identitaire ».