De l'art urbain ou comment Patrick Commecy transforme les murs en contes

© A.FRESCOLa fresque "porte d'Aurec" dans son contexte urbain
La fresque porte d'Aurec  dans son contexte urbain - Sputnik Afrique
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Avec son équipe, l'artiste français Patrick Commecy anime les murs des villes du monde entier souvent ancrés dans l’histoire plutôt française. Dans un entretien à Sputnik, l'artiste lève le voile sur son art des trompe-l’œil et des fausses fenêtres, qui transforment les murs aveugles, souvent sans intérêts, en de véritables chefs-d'œuvre.

Son premier projet date  de 1978, quand il a travaillé avec des malades d’un hôpital psychiatrique de Lyon.

"L’idée était de les faire sortir de l’hôpital — parce qu’ils ne sortaient jamais – et, sorti des Beaux-Arts, je voulais  pratiquer une forme d’art pour les gens de la rue. Pas pour les galeries, pas pour les collectionneurs mais pour les gens de la rue… Donc, j’avais privilégié à l’époque le milieu scolaire, les hôpitaux psychiatriques, les quartiers difficiles, les endroits où l’art avait peu accès", raconte M. Commecy à Sputnik. 

© A.FRESCOLa fresques des Chevaliers
La fresques des Chevaliers - Sputnik Afrique
La fresques des Chevaliers

L'artiste explique que son objectif est justement de rendre l'art accessible. C'est pourquoi il a eu l'idée de réaliser des fresques murales extérieures: on y a accès gratuitement et sans être obligé d’entrer dans un musée ou dans une galerie.

​Pour créer une nouvelle fresque, l'artiste se rend sur un lieu dans une  ville avec le moins d'a priori possible et conçoit la maquette de la fresque en fonction du lieu de façon à ce qu’elle s’intègre parfaitement à ce dernier et à ce que les gens, les habitants, notamment, se l’approprient. 

​Il prend en compte l’histoire du lieu, sa culture, ses particularités, ses spécificités et ses personnages célèbres.  

​"Quand on fait un mur, ce n’est pas du tout comme faire un tableau dans un atelier sur une toile vierge, où on peut tout s’imaginer et tout se permettre. Quand on fait un mur, d’abord le mur impose ses propres caractéristiques: il va être grand, il va être petit, granuleux, il aura des fenêtres, pas de fenêtres, il aura tel ou tel type d’éclairage, il aura une forme donnée. Ça, on ne choisit pas, on est obligé de s’adapter,  c’est la première chose". 

​La seconde chose, d'après Patrick Commecy, c’est qu'il s'agit d'un art public et qu'il faut donc savoir s'adresser à tout le monde. Le public ciblé est très varié: les jeunes, les moins jeunes, les touristes, les habitants, les gens cultivés… ceux qui le sont moins, toutes sortes de personnes.

"Au final, les gens devraient se reconnaître dans la fresque, celle-ci devenant comme une carte d’identité monumentale. Il faudrait que les gens soient fiers de cette peinture, la respectent, la fassent connaître".

La plupart du temps, ses personnages sont ceux de l’endroit où il peint. Si Patrick Commecy fait une fresque à Barcelone, ce sont les Barcelonais qui sont mis en marge de la société sous Franco. Si c’est une fresque à Chamonix, ça sera des guides de haute montagne.

​Pour l'artiste, le grand plaisir de son métier, malgré beaucoup d’inconvénients y compris financiers, c'est que c'est un art extrêmement populaire.

"99,99% des gens sont heureux d’avoir la fresque: c’est une fresque qui leur ressemble et, par conséquent, ça a un succès phénoménal. Je suis toujours surpris de recevoir des coups de fil, des félicitations des gens que je ne connais pas, qui sont tombés devant une fresque et qui m’appellent juste pour dire: bravo, merci, félicitations", confie M. Commecy

Une fois que la fresque est terminée, une fois que l’échafaudage est démonté, il n’y a plus de retouches possibles, c’est terminé, la fresque ne lui appartient plus. 

​M. Commecy explique qu'en France les artistes de ce genre sont très peu nombreux à être constitués de manière sérieuse: il y a, peut-être, cinq groupes qui font des fresques, qui font du muralisme leur métier.  Il y a aussi quelques artistes de chevalet, peintres qui s’amusent à faire une fresque, mais ils sont très peu nombreux à en faire leur véritable métier.

Pour lui, il n’y a pas de limites géographiques, la démarche est la même partout. Patrick Commecy  a travaillé en Espagne, en Italie, au Mexique. "Pas encore en Russie, mais pourquoi pas?". 

"Je suis ouvert à tout dans la mesure où, un, le projet est sérieux et deux, ma démarche peut être acceptée", déclare l'artiste.

"Contrairement à cette grande mode sur les graffitis, les murs faits à la bombe où la plupart du temps la démarche est complètement différente: l’artiste fait absolument ce qu’il veut… Pourquoi pas à Moscou, s’il y a un endroit qui a besoin d’être+ réhabilité+ dans son identité, dans sa culture et même dans son architecture. Vous verrez: dans les fresques, il y a beaucoup de trompe-l’œil,  de fausses fenêtres, de fausses portes, etc., pour faire en sorte que les murs qui étaient aveugles, étaient laids, moches, s’intègrent à son environnement sur le plan architectural", conclut Patrick Commecy.

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