Le Pape François a visité samedi un mémorial dédié aux victimes du génocide arménien Tsitsernakaberd à Erevan en compagnie du président arménien Serge Sargsian, du Patriarche suprême et Catholicos de tous les Arméniens Garéguine II et d'autres ecclésiastiques. Il y a rencontré les descendants des Arméniens qui ont survécu au génocide de 1915.
Selon l'agence Reuters, le mot "génocide" n'apparaissait pas dans le texte du Souverain Pontife préparé à l'avance. Le pape a donc décidé seul l'utiliser.
"C'est une tragédie, ce génicode fut le premier dans la série des catastrophes du siècle dernier, qui ne furent possible que grâce aux buts pervers du racisme, de l'idéologie et de la religion, qui ont détraqué le cerveau des malfaiteurs à jusqu'à ce qu'ils aient l'idée d'exterminer des peuples entiers", a déclaré le chef suprême de l'Eglise Catholique.
"Il n'y a pas de raisons de ne pas utiliser ce mot dans ce cas", a déclaré le père Federico Lombardi, porte-parole du Vatican. "La réalité est ainsi faite, et nous n'avons jamais nié cette réalité", — a-t-il souligné.
Le Souverain Pontife a fait un office de prière qui s'est terminé par la mélodie interprété par le doudouk arménien sous la direction du maestro mondialement connu Djivan Gasparyan. Le Pape a également laissé une note dans le livre des invités de marque du musée-institut du génocide arménien qui se trouve sur le territoire du mémoriel:
"Nous prions ici pour les victimes de la tragédie du peuple arménien. Et que l'humanité en ait conscience et distingue toujours le bien du mal. Que la mémoire de la tragédie du peuple arménien reste avec nous: c'est en grande partie la mémoire qui préviendra la répétition de tels crimes dans les temps futurs".
Selon l'agence, la Turquie n'a pas encore réagi suite à cette déclaration. Cependant, l'année dernière, la Turquie avait rappelé son émissaire au Vatican pour 10 mois suite à l'intervention du chef de l'Eglise Catholique, qui avait évoqué le génocide arménien.
Le sujet du génocide arménien s'est retrouvé au centre des débats publics après que le parlement allemand a adopté une résolution sur sa reconnaissance le 2 juin dernier. En réaction, Ankara avait immédiatement rappelé son ambassadeur en Allemagne.
D'après différentes données, un million et demi d'Arméniens ont été exterminés de manière systématique à la fin de l'Empire ottoman. Nombre d'historiens et plus de 20 pays, dont la France, l'Italie et la Russie, ont reconnu qu'il y avait eu un génocide. La Turquie affirme pour sa part qu'il ne s'agissait que d'une guerre civile, doublée d'une famine, dans laquelle 300.000 à 500.000 Arméniens et autant de Turcs avaient trouvé la mort.