C'est un coup sérieux pour l'Union européenne, estime K. Kossatchev.
"C'est un signe de rupture entre les ambitions des élites politiques qui continuent de développer ce projet européen à une vitesse maximale, et les craintes des gens que ce projet ne satisfasse pas leurs intérêts". Selon le responsable de la chambre haute du parlement russe, le Brexit est un bon prétexte pour analyser l'expérience passée et pour lancer des réformes supplémentaires. Ces changements sont nécessaires pour faire réorienter la structure bruxelloise des technocrates vers les gens.
D'après Konstantin Kossatchev, la méfiance envers l'UE était déjà latente avant-même les crises économique et migratoire. C'est au moment où l'Europe a procédé à un élargissement massif que cette suspicion est apparue chez les Européens.
"Les pays de l'Europe de l'Ouest pensaient qu'il fallait se dépêcher… par conséquent, plusieurs questions n'ont pas été suffisamment évaluées. La main d'œuvre polonaise, par exemple, a pris la Grande-Bretagne au dépourvu. Les Polonais ont créé sur le marché une situation tout à fait nouvelle, une partie des Britanniques se voyant priver de la possibilité de travailler".
Le parlementaire russe ne croit pas pour sa part que l'UE soit menacée d'un effet domino. L'euphorie actuelle du Royaume-Uni pourrait être suivie d'un dégrisement quand les Britanniques seront confrontés à tout un tas de problèmes économiques, sociaux et politiques nouveaux. Dans ce cas, les partisans de l'intégration européenne auront de nouveaux arguments qu'ils n'ont pas aujourd'hui, estime Konstantin Kossatchev.
Certains hommes politiques occidentaux se sont mis à féliciter Moscou après le référendum britannique. L'ancien ambassadeur des USA en Russie Michael McFaul a déclaré qu'il s'agissait d'une victoire de la politique extérieure de Vladimir Poutine. "C'est une ineptie sans vergogne", commente le président du Comité des affaires étrangères de la chambre haute du parlement russe.
"Ce n'est pas un jeu politique de qualité. Premièrement, la Russie n'a tout simplement pas les moyens d'influencer ce qui se passe au Royaume-Uni. Deuxièmement, pourquoi l'aurait-elle fait? Moi, je ne suis pas de ceux qui considèrent que la sortie de la Grande-Bretagne de l'UE sera nécessairement profitable à la Russie. Le Brexit marque une nouvelle étape dans les relations UE-Russie, UE-Royaume-Uni… Cette situation aura bien un impact sur les relations commerciales et économiques entre l'UE et la Russie. Mais accuser la Russie des propres fautes de l'Europe, c'est cousu de fil blanc".
Selon Konstantin Kossatchev, ce que représente aujourd'hui l'UE n'est pas bon pour l'unification de l'Europe, car la politique de Bruxelles sépare les nations européennes, conclut le parlementaire russe.