Harcèlement: une jeune fille interpellée 18 fois en dix minutes à Lille

Le harcèlement sexuel continue de faire de trop nombreuses victimes, constatent les médias français. Le journal La Voix du Nord a récemment réalisé une expérience en suivant pendant une dizaine de minutes la jeune fille du nom d'Aurélie, 23 ans, dans le centre de Lille au soir.

"Onze minutes plus tard, Aurélie aura été interpellée 18 fois avec un bisou surprise sur la joue, un jeune homme qui tente de l'attraper par le bras, un autre qui insiste pour un selfie, deux qui lui lancent: "T'es vierge?" et un dernier qui tente de lui caresser le dos", rapporte le quotidien.

Le journal cite en outre une députée municipale d'une ville du Nord-Pas-de-Calais, élue depuis une quinzaine d'années. "A l'époque de l'ancien maire, avec les élus, c'était insupportable", raconte-t-elle. "Dès qu'on était en jupe ou en décolleté, on avait une réflexion et tous les jours, au moins une allusion au fait qu'on était des femmes".

Selon Hélène Bekmezian, journaliste au service politique du Monde, la politique reste un milieu largement masculin, ce qui favorise le harcèlement "d'autant plus que certains harceleurs ne se rendent même pas compte de ce qu'ils font".

Le harcèlement commence souvent par "des remarques récurrentes sur le physique et les tenues vestimentaires", explique Laure Ignace, représentante de l'Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT). Viennent ensuite "la proximité physique intrusive; des confidences sur la vie sexuelle du harceleur, des questions sur la vie privée des femmes, jusqu'à des propositions explicites".

Toujours d'après Mme Ignace, le harcèlement se produit dans des situations "de domination et de patriarcat", ainsi que dans des métiers considérés comme "masculins" pour que les femmes arrêtent de travailler dans ces secteurs.