"Si j'avais pas détruit sa corde à linge, demain vous pouvez être sûr que des millions de gens seraient venus accrocher leur linges dans la forêt."
On a voulu mobiliser l'opinion publique et l'inciter à dire avec MSF qu'ils ne se reconnaissent pas dans les politiques migratoires de l'UE, qui poussent, refoulent, brutalisent et condamnent à la clandestinité, à l'extrême précarité les candidats à l'exil sur le sol européen. Donc, c'est pour cela qu'on a mis en scène ce personnage, cet espèce d'antihéros qui s'appelle Johnny, chasseur de migrants, et qui finalement donne à voir la réalité des pratiques de ces politiques.
Les internautes sont invités à se rendre sur le site dédié jenesuispasjohnny.fr pour voir les vidéos accompagnées de "décryptages, informations et témoignages complémentaires". Les internautes sont aussi invité à relayer la campagne sur les réseaux sociaux avec le hashtag #JeNeSuisPasJohnny. Et ça marche, par exemple: "Une campagne originale", "merci @MSF, pour ce premier épisode plein de punchlines savoureuses", "Ne fermons pas nos cœurs au sort des réfugiés", "Excellentissime, du super travail avec du fond et de la forme. Bravo!" Peut-on lire de la part des internautes sur Twitter, et qui souvent interpellent le président Hollande.
A l'occasion de la journée mondiale des réfugiés, le Haut-commissariat aux réfugiés de l'ONU livre son rapport statistique annuel et le nombre de personnes ayant fui les guerres et les persécutions n'a jamais été aussi élevé: 65,3 millions. C'est le nombre record de déplacés dans le monde en 2015. Médecins Sans frontières rappelle que cette même année, c'est 0.2 % de la population européenne qui a rejoint l'Europe: on est loin du nombre de personne accueillies par la Turquie, le Liban, la Jordanie ou le Parkistan, "loin du tsunami migratoire qui viendrait submerger l'Europe telle que les États membre de l'UE tente de le mettre en scène" selon l'organisation.
On a choisi un choisi un format décalé, c'est un parti pris un peu provoc' parce qu'on voulait en fait attirer l'attention sur une crise à la fois très médiatisé et en même temps très banalisée, donc en jouant sur les codes de la téléréalité américaine on crée un décalage en fait et surtout on arrive à montrer le caractère extrêmement outrancier des actions coercitives, dissuasives, policières, telles qu'elles sont mises en place par l'UE, mais aussi leur justification qui est en fait assez primaire.
A travers l'ironie et la parodie, Médecins Sans Frontières cherche à alerter l'opinion: les politiques migratoires européennes brutalisent et refoulent les populations condamnées à l'exil. L'organisation a par ailleurs annoncé vendredi dernier sa décision de renoncer au financement de l'Union européenne et de ses États membres, afin de protester contre leur politique migratoire. En 2015, les fonds européens représentaient 8% du budget de l'ONG, le reste provenant de fonds privés. L'organisation condamne fermement l'accord passé avec la Turquie en mars qui vise à freiner l'afflux de migrants. Mais anticipant une nouvelle vague migratoire, la Commission européenne en prévoit déjà une autre, un copier-coller de la précédente, mais axé cette fois-ci principalement sur l'Afrique (Mali, Nigéria, Niger, Sénégal, Éthiopie, mais aussi du Moyen-Orient avec la Jordanie et le Liban): le futur accord consiste en une série de partenariats économiques qui visent à offrir des perspectives à ceux qui ne peuvent prétendre à l'asile en Europe. Les pays qui acceptent de coopérer seront récompensés et ceux qui ne veulent pas seront sanctionnés.
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