L'intersyndicale d'Ile-de-France (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, Fidl et UNL) a transmis en fin de semaine dernière une demande officielle pour manifester jeudi entre Bastille et Nation à partir de 14 heures, dans le cadre d'une journée de mobilisation à travers la France.
Lundi, la préfecture de police de Paris leur a demandé d'organiser un "rassemblement statique" place de la Nation, plutôt qu'un défilé, afin de pouvoir "mieux encadrer et mieux sécuriser la manifestation et de faire en sorte qu'il y ait moins de dégradations".
Mais les syndicats ont maintenu leur demande de défilé à la préfecture, qui les a à nouveau invités à "trouver un accord sur un rassemblement statique", faute de quoi elle "sera dans l'obligation d'interdire" la manifestation, rapporte l'AFP.
Dans une lettre au numéro un de la CGT, Philippe Martinez, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a jugé qu'un cortège à Paris "n'apparaissait pas envisageable".
Les sept syndicats ont répondu à M. Cazeneuve en début de soirée en lui demandant par courrier de "faire une nouvelle proposition de manifestation garantissant la sécurité de tous". Ils écartent un rassemblement statique qui serait, selon eux, "beaucoup plus dangereux".
"Je ne suis pas sûr qu'une +fan zone+ syndicale sur la (place de la) Nation soit plus sécurisée qu'une manifestation", a fait valoir le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, sur Canal +, se disant "prêt à discuter du parcours" avec les autorités.
Manifestations en régions
Dès le lendemain du 14, François Hollande a averti qu'il n'y aurait plus d'autorisation de manifester si la préservation des "biens et des personnes" ne pouvait être "garantie". Manuel Valls a pointé la "responsabilité" de la CGT, critiquant son attitude "ambiguë" vis-à-vis des casseurs et dimanche, il a de nouveau estimé que "les organisateurs devraient annuler eux-mêmes ces rassemblements".
Ces propos ont déclenché un tollé chez les syndicats et une partie de la gauche. La CGT a dénoncé des accusations "inacceptables", "signe d'un gouvernement aux abois". Le syndicat "ne porte aucune responsabilité sur ce qui se passe en marge des manifestations", a insisté Philippe Martinez, qui s'est interrogé sur des ordres de non intervention qui seraient donnés aux forces de police.
"Manuel Valls se comporte en pyromane", a affirmé Jean-Claude Mailly.
Même Laurent Berger, leader de la CFDT, qui soutient la loi travail, estime qu'interdire de manifester n'est "pas du tout souhaitable".
De nombreuses manifestations sont déjà prévues ailleurs en France jeudi, sans menaces d'interdiction.
Le projet de loi travail est actuellement examiné au Sénat. Le vote solennel doit avoir lieu le 29 juin, au lendemain d'une nouvelle journée de mobilisation.