Traumatisé, indigné, désorienté, confus: tels sont les qualificatifs qui caractérisent désormais le pays. Alors que le référendum sur le Brexit approche, la polémique sur l'avenir de l'UE et de ses membres ne tarit pas. Aux Pays-Bas, les synagogues et les écoles juives nécessitent la protection de la police contre les djihadistes du terroir, la liberté d'expression est sous pression, des comédiens incitent à haïr les musulmans, à l'instar des antisémites refusant de coexister avec les juifs…
La plupart des motifs de cette volte-face néerlandaise coïncident avec ceux observés ailleurs en Europe, estime le Guardian. On est à la recherche de nouvelles personnalités qui proposeront des solutions simples aux problèmes qui fâchent: des expulsions ou la fermeture des frontières, par exemple. Le "plus d'Europe" est-il la réponse la plus adaptée à chaque crise? Ces questions, qui relevaient jadis du tabou, sont maintenant discutées à travers le continent, ce qui reflète une manque de confiance dans la compétence et dans la fiabilité des élites traditionnelles.
Pourtant, aucun pays ne semble aussi désorienté que les Pays-Bas. Pourquoi? Peut-être cause des catastrophes sans précédent qui ont frappé le pays au cours des 15 dernières années. Trois assassinats politiques. La première fusillade d'ampleur dans le pays. L'attentat contre la reine Beatrix qui a fait huit morts. Et finalement, le crash de l'avion au-dessus de l'Ukraine qui a coûté la vie à 298 personnes… Parmi eux, il y avait 193 Néerlandais, ce qui est, comparativement à la population du pays, une perte plus importante que celle subie par les Etats-Unis dans la tragédie du 11 septembre.
Dans ce contexte tendu, les hauts responsables néerlandais semblent complètement dépassés par les événements. Rappelez-vous les guerres perdues en Afghanistan et en Irak où les Pays-Bas étaient presque les seuls Européens présents et ont subi des pertes importantes. Il y a eu encore la crise financière qui a pris au dépourvu le gouvernement néerlandais, puis la crise grecque.
Ainsi, lorsque ces mêmes autorités appellent les citoyens à leur faire confiance à propos de l'Union européenne, de l'euro et de la politique migratoire, les Néerlandais y réfléchissent à deux fois.
Mars 2017 sera marqué par une présidentielle néerlandaise et, selon les derniers sondages, le Parti pour la liberté de Geert Wilders est le plus populaire parmi les électeurs. M. Wilders est notamment favorable à la fermeture des frontières néerlandaises et espère que le Royaume-Uni quittera l'UE.
"Ceci est le début de la fin de l'UE, et le Brexit encouragera d'autres pays à suivre l'exemple", a déclaré le dirigeant du parti, cité par Bloomberg.
Les Néerlandais souffrent d'un déficit de confiance, et il reste à deviner quelle rhétorique ils vont adopter dans le futur. La seule chose dont ils sont certains, c'est que leur optimisme progressiste d'antan ne reviendra pas.