Le 20 novembre dernier, le ministère koweïtien de l'Intérieur a annoncé l'arrestation d'un groupe local de criminels qui avait fourni des armes ukrainiennes à Daech. Cependant, le scandale lié à l'industrie de défense ukrainienne concerne non seulement ceux à qui Kiev vend des armes, mais aussi leur qualité.
Qu'est-ce que c'est que l'industrie militaire ukrainienne?
Après la chute de l'Union soviétique en 1991, l'Ukraine a hérité d'un des plus grands complexes militaro-industriel, trois millions d'employés au sein de plus de 3.000 entreprises à travers la république. Vingt ans plus tard, à peine 140 de ces entreprises fonctionnent toujours.
L'entreprise publique Ukroboronprom a été créée en 2010 comme un parapluie pour 134 sociétés fabricant des armes tandis que la holding Ukrspetsexport a été créée pour exporter ses armes.
Avec le déclenchement du conflit militaire dans le Donbass, une trentaine de ces entreprises ont été chargées de réparer le matériel militaire et de construire de nouvelles unités. La majorité de la production militaire ukrainienne est toujours vendue à l'étranger et cette situation n'a guère changé, même avec le déclenchement de la guerre civile dans l'est de l'Ukraine. Selon le PDG d'Ukroboronprom Roman Romanov, en 2015, le portefeuille de contrats pour les exportations a atteint 1,3 milliard de dollars.
Des chars cannibalisés
Les chars et les véhicules de combat sont en tête de liste des exportations d'armes ukrainiennes. Dix chars de combat Oplot-T supplémentaires sont arrivés en Thaïlande le 21 mai après une première livraison de dix chars qui avaient été envoyés auparavant. Les Thaïlandais sont néanmoins toujours mécontents parce que 49 chars au total devaient arriver dans leur pays il y a déjà trois ans.
Les Ukrainiens ont également failli à fournir suffisamment de munitions pour les Oplot dont la qualité laisse à désirer. Ce n'est pas étonnant parce que les Oplot-T qui ont été livrés en Thaïlande ne sont qu'une" version cannibalisée" du vieux char de combat soviétique T-80.
Selon les médias ukrainiens, il y a des centaines de moteurs de T-80 disponibles dans le pays, ce qui est plus que suffisant pour les installer sur les 29 chars Oplots attendus jusque-là par les Thaïlandais. Toutefois personne ne sait combien de temps les chars vont fonctionner après une telle remise à neuf capitale.
Comme le font les voleurs de voitures
Le 7 juillet 2013, la Croatie a demandé à Ukrspetsexport de réparer et de perfectionner sept avions de combat MiG-21 et d'en livrer cinq nouveaux. Après avoir reçu 13 millions d'euros du ministère croate de la Défense, l'Ukraine a fourni les avions en 2014. Rapidement, les avions ont commencé à se désagréger et huit mois plus tard, seulement trois pouvaient décoller.
Une enquête officielle effectuée par la police militaire croate a révélé que les Ukrainiens avaient installé des pièces d'occasion sur les avions qu'ils prétendaient avoir réparé. De plus, ils ont mis de nouveaux numéros de série sur les anciens moteurs, qu'ils avaient installés sur les soi-disant "nouveaux" MiG (tout comme les voleurs de voitures le font habituellement).
Ukrspetsexport a pour sa part démenti toutes ces accusations en déclarant qu'elles faisaient partie de la guerre de l'information.
Les fragiles Bucéphales
En 2009, Ukrspetsexport a dû fournir 420 véhicules blindés Bucéphale à l'Irak.
Livré par Kiev comme "parfaitement conforme aux normes de l'Otan", le véhicule de combat Bucéphale était fièrement affiché comme mieux modernisé que ses analogues russes.
Mais en 2013, à peine 88 de ces véhicules de combat ont été livrés. De plus, les Irakiens ont renvoyé en Ukraine 42 Bucéphales avec de nombreuses fissures dans leur blindage et ont annulé l'accord. Selon les médias irakiens, 80% des véhicules blindés ukrainiens, qui avaient été livrés, étaient tombés en panne avant 2013.
Kiev a, comme toujours, accusé la Russie affirmant que les services russes étaient derrière l'annulation de ce contrat important.
Ambitions sans frontières
En 2015, le président ukrainien Piotr Porochenko a imposé au pays une tâche ambitieuse d'adhérer au club des cinq plus grands exportateurs mondiaux d'armes. Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), entre 2010 et 2014, la part de l'Ukraine dans l'exportation totale des armes a atteint 3%.
Le problème n'était cependant pas que la part du lion de ces exportations était composée d'armes datées, et héritées par l'Ukraine, de l'Union soviétique. Même avant la révolution de Maïdan en 2014, le chef du comité pour la Défense et pour la sécurité de la Rada Anatoli Kinakh avait
Le degré de dégradation du complexe militaro-industriel ukrainien est tellement haut que le pays n'a pas réussi à lancer la production de moteurs pour son char de combat principal T-64. Dans le contexte de l'état dérisoire de son complexe militaro-industriel, l'Ukraine doit actuellement faire face au conflit dans le Donbass qui mange la grande partie de ce que l'industrie militaire du pays peut proposer.