Cette approche commence à être remise en question. Les récentes recherches d'une équipe dirigée par Brooke Macnamara de l'université Case Western Reserve (Ohio) indiquent que les entraînements intensifs ne sont que l'un des facteurs qui influencent les résultats d'un sportif éminent. Dans le dernier numéro du magazine Perspectives on Psychological Science, Macnamara et ses collègues ont publié les résultats de leur étude: après avoir étudié 33 travaux sur le lien entre la pratique et la réussite des sportifs, ils ont conclu que les entraînements ciblés n'assuraient que 18% du succès indépendamment de la discipline. Cette recherche a confirmé les résultats obtenus par les experts deux ans plus tôt. A l'époque, ils avaient analysé 88 travaux scientifiques et avaient également établi qu'une pratique ciblée ne déterminait que 4% du succès dans les études scolaires, 21% dans le domaine musical et 26% dans différents jeux.
Macnamara et ses collègues ne pensent pas pour autant qu'il faille complètement abandonner la pratique. "Les exercices développeront forcément vos capacités. 18%, c'est beaucoup. Nous cherchons simplement à montrer que la pratique n'est pas l'unique composante du succès", résume-t-elle. Le magazine Vox, qui l'a interviewée, précise également que les informations sur les entraînements et l'expérience des sportifs venaient de leurs propres récits, et que des inexactitudes étaient donc possibles.
En 2004, les chercheurs canadiens Joseph Baker et Sean Horton, qui s'étaient aussi penchés sur le succès des sportifs, avaient conclu que "même une prédisposition génétique et une éducation dans les conditions les plus favorables ne garantissent pas le succès".