36 ans de foot avec terroristes et assassins: entretien avec un entraîneur de prison

© Photo Gerhard Mewes Kicken im Knast: Eintracht Fuhlsbüttel
Kicken im Knast: Eintracht Fuhlsbüttel - Sputnik Afrique
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Fair Play avec assassins, tel est le nom du livre de Gerhard Mewes sorti plus tôt cette année. Dans son œuvre cet entraîneur de football allemand raconte son expérience de travail avec le club de Fuhlsbüttel, plus connu sous le nom de Santa Fu. Sa particularité? Les joueurs sont des détenus de la prison de Hambourg.

Aujourd'hui, Gerhard Mewes est riche de 36 ans d'expérience d'entraînement de prisonniers. Tout a commencé lorsque les détenus se sont adressés à la Fédération de football de Hambourg, demandant de leur accorder un expert. Et c'est la candidature de Gerhard Mewes qui a été retenue.

En se souvenant aujourd'hui de sa première arrivée sur ce lieu de travail peu habituel, Gerhard Mewes avoue qu'au début il a éprouvé des sentiments controversés. Toutefois, il a fini par vite trouver un langage commun avec les joueurs. Et pourtant, la prison de Hambourg est réservée aux personnes ayant commis des crimes graves, des assassins, des violeurs et des terroristes, dont le fameux Mounir el-Motassadeq reconnu coupable de complicité dans les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis.

​"Pendant les premières années de mon expérience, je n'y pensais même pas. J'étais jeune, professionnel, courageux et mobile. J'ai très vite trouvé une langue commune avec ces gens complétement étrangers. Très vite des relations de confiance se sont établies entre nous. Ils comprenaient que je n'étais ni surveillant, ni travailleur social. Nous ne faisions que du foot", avoue-t-il dans un entretien à Sputnik.

M. Mewes assure que pendant le jeu, les prisonniers voulaient se distancier de leur réalité. Certes, physiquement c'était impossible, mais au moins le foot leur rappelait leur vie avant l'emprisonnement.

"Au début, je n'aspirais pas à connaître leurs crimes. A l'intérieur de moi, je voulais maintenir une distance. Mais, j'ai échoué. Plus ils me faisaient confiance, plus je m'intéressais à ce qu'ils me confiaient. Ce n'est qu'après un certain temps que j'ai commencé à m'interroger sur les raisons qui avaient poussé telle ou telle personne (…) à commettre un crime. C'est au bout de trois ans que j'ai eu le courage de poser des questions. Avant c'était impossible", confie-t-il.

© Photo Gerhard Mewes Gerhard Mewes
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Gerhard Mewes

Souder ces gens qui se rejettent, en former une équipe capable de rivaliser avec d'autres était un véritable défi, explique l'entraîneur.

A la question de savoir ce qui distinguait son club des autres M. Mewes répond: "Nous sommes comme toute autre équipe, sauf que nous n'avons pas de supporters et personne de l'extérieur ne suit nos matchs".

D'ailleurs, après être sortis de prison, certains membres du club de Fuhlsbüttel ont poursuivi leur itinéraire sportif.

"Au cours de toutes ces années, je ne cherchais pas autant à analyser le passé du criminel au cours des rencontres privées qu'à jeter un regard dans son avenir. Et ce pour qu'à travers le football les prisonniers retrouvent un chemin de retour au sein de la société, pour que par le biais des compétences sociales ils repartent à zéro après leur libération, pour qu'ils ne reprennent pas leurs affaires vicieuses. Dans certains cas j'ai réussi et j'en suis fier", conclut-il.

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