L'écrivain, réalisateur et compositeur turc Zulfu Livaneli, qui a servi en tant qu'ambassadeur de l'Unicef pendant 20 ans, a pris la décision de démissionner, indigné par le fait que le Sommet humanitaire mondial a été organisé à Istanbul.
"Après la destruction du patrimoine historique de Sur (quartier historique situé dans la ville de Diyarbakir, "capitale" des Kurdes turcs, ndlr), l'hypocrisie a régné lors du Sommet humanitaire mondial à Istanbul. Parler de la paix et rester silencieux quand il s'agit de telles violations contredit les idéaux de l'Unesco", lit-on dans la lettre ouverte de M.Livaneli adressée à la directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova.
Selon lui, Istanbul organise le Sommet humanitaire mondial alors même que le monde entier est témoin de la terrible situation dans laquelle se trouvent les journalistes et la liberté d'expression en Turquie.
Le fait que le Sommet soit organisé à Istanbul est un soutien ouvert au gouvernement turc qui mène une politique agressive et discriminatoire à l'égard de son peuple, a-t-il déclaré à Sputnik.
"La Turquie est le dernier endroit pour organiser le Sommet humanitaire", a souligné M.Livaneli. "Des organisations internationales devraient dénoncer les actions des autorités turques au lieu de les promouvoir en tenant le sommet à Istanbul", a-t-il martelé.
"J'ai senti que je n'étais pas capable d'assumer la responsabilité de ce qui se passait et j'ai décidé alors de démissionner", a expliqué M.Livaneli.
"Actuellement, des organisations internationales déclarent qu'elles cherchent à résoudre le problème des réfugiés. Mais où étaient-elles quand on privait ces gens de leurs maisons, de leurs familles, de leur patrimoine, quand on tuait leurs proches?", a-t-il fustigé.
D'après M.Livaneli, l'idée de détrôner Assad et de déclencher une guerre en Syrie a été désastreuse. Tout cela a provoqué la crise migratoire que nous connaissons à l'heure actuelle. Nous attendons des décisions plus élaborées de la part du Conseil de sécurité de l'Onu", a-t-il conclu.
Le Sommet mondial sur l'action humanitaire s'est tenu à Istanbul sous l'égide de l'Onu le 23 et le 24 mai.
La Turquie affirme que l'opération militaire menée depuis plusieurs mois dans ces régions kurdes est dirigée uniquement contre le PKK. Cependant, selon le Parti démocratique des régions (DBP), une formation pro-kurde, les affrontements à Cizre ont déjà fait plusieurs centaines de morts parmi les civils.