Glamour, luxe, projecteurs… pour Igor Gavar, photographe russe, les chiffres 90-60-90 désignent non pas les mensurations idéales de la ligne féminine mais le meilleur âge pour devenir mannequin.
Un beau jour, Igor Gavar a eu l'idée de changer radicalement la perception que les gens se font habituellement de la vieillesse. Il avait créé un fashion blog spécialisé dans la mode des personnes du troisième âge. L'artiste a ainsi commencé à prendre en photo des retraités qu'il croisait dans les rues de différentes villes russes.
Petit à petit, son fashion blog s'est transformé en l'agence de mannequins pour personnes âgées Oldushka (du mot anglais "old" signifiant vieux et "dushka", qui est un dérivé du mot russe "babouchka", ou grand-mère en français").
Il s'est avéré que les retraités russes attachaient une grande importance à leur physique et étaient même souvent des passionnés de mode. Aujourd'hui, les passants et passantes BCBG posent avec plaisir devant la caméra d'Igor.
"Les personnes âgées sont particulièrement communicatives et aiment l'aventure. Seuls 5% des retraités refusent que je les prenne en photo", raconte Igor Gavar.
Le mannequinat change le mode de vie de ces retraités qui s'essayent dans d'autres rôles et rencontrent de nouveaux amis.
"Ce n'est pas si facile d'être mannequin. Il faut être debout pendant toute la journée, parfois on n'a pas le temps pour casser la croûte. Je ne me sens pourtant jamais fatiguée, cela me redonne au contraire de la force", confie Lubov, une mannequin de 72 ans.
Les mannequins d'Oldushka posent généralement pour des magazines, tournent dans des spots télévisés et des publicités. Leur travail est toujours payé, la rémunération pouvant aller jusqu'à 20.000 roubles pour une journée de travail.
Le blog Oldushka existe depuis cinq ans et compte plus d'un millier de fans de ces mannequins mûrs. Plusieurs mamies et papis sont d'ailleurs devenus amis du photographe. Igor Gavar envisage de fonder une école de mannequins âgés.
Le photographe prépare actuellement un photo album d'Oldushka qui sera distribué dans les maisons de retraités, les centres sociaux et les organisations pour vétérans.
"Je veux que les retraités voient les personnes de leur âge et qu'ils se disent: moi aussi, je peux faire ça", a commenté Igor Gavar.
