Elles accusent l'État belge de ne pas avoir pris les mesures nécessaires pour éviter les fusillades qui ont frappé l'est de Paris et Saint-Denis le soir du 13 novembre 2015, qui ont fait 130 morts et plus de 400 blessés. Les familles des victimes reprochent à la Belgique des défaillances dans la surveillance des frères Brahim, dont l'un faisait partie des kamikazes de Paris, et de Salah Abdeslam, le seul survivant des commandos, alors que les services de renseignement belges disposaient d'informations qui auraient dû les mettre en alerte. Ces accusations reposent sur les conclusions d'un rapport confidentiel réalisé par le comité P, la police des polices belge, que RTL a pu consulter.
Ce rapport met en lumière une série de manquements qui ont permis à Salah Abdeslam et son frère d'échapper à la surveillance dont ils auraient dû faire l'objet. Début février 2015 par exemple, un informateur a livré des éléments cruciaux sur Salah Abdeslam à la police locale, affirmant qu'il serait en contact avec Abdelhamid Abbaoud, le futur commanditaire des attentats de Paris, et prêt à se rendre en Syrie. Un avis de recherche urgent a été lancé contre le Belge, mais sans résultat. C'est finalement Salah Abdeslam lui-même qui s'est rendu au commissariat de Molenbeek pour être entendu. Il a été relâché après avoir affirmé qu'Abbaoud était une vieille connaissance.
"Malgré des alertes lancées par les différentes surveillances de personnes susceptibles de passer à des actions armées, il n'y a jamais eu de judiciarisation de ces personnes dont on avait la certitude qu'ils étaient radicalisés", regrette l'avocate des familles des victimes, Samia Maktouf. "Le résultat, on le connaît: c'est le décès de plusieurs personnes innocentes. Nous allons demander la condamnation de l'État belge pour que plus jamais de tels dysfonctionnements ne puissent se répéter".