Prendre des photos ou filmer la police et les manifestants lors des actions de protestation, des actions syndicales, ouvrières ou étudiantes n'est pas une mission facile. Songez à mettre en pratique les conseils suivants.
Il importe d'abord d'évaluer les risques, qui sont multiples: destruction de votre matériel, blessures, intoxication aux gaz lacrymogènes, accidents de manifestation comme des chutes, des débris de verre, des rebonds de projectiles, des surdités temporaires.
Il importe de disposer de son propre équipement de secours en fonction de la dangerosité de l'événement à couvrir.
Il est également recommandé de connaître les doctrines et les procédures d'actions, ainsi que les armements de la police et des manifestants.
1. Aspects juridiques
Pour commencer, vous avez parfaitement le droit de filmer des forces de police en opération — en tant que citoyen et pas seulement en tant que journaliste — à condition de respecter ces règles simples, qui pour la plupart ne concernent jamais les forces anti-émeutes.
Un photographe bien équipé dans une manif: avec son escabeau pic.twitter.com/vkcQeEl9
— Francois Rimasson (@F_Rimasson) 18 mars 2012
Selon la circulaire N°2008-8433 du 23 décembre 2008 signée par le directeur général de la police nationale, "les policiers ne peuvent s'opposer à l'enregistrement de leur image lorsqu'ils effectuent une mission. Il est exclu d'interpeller pour cette raison la personne effectuant l'enregistrement, de lui retirer son matériel ou de détruire l'enregistrement ou son support. Ils ne peuvent par ailleurs s'opposer à l'éventuelle diffusion de cet enregistrement que dans certaines circonstances particulières: une telle action exposerait son auteur à des poursuites disciplinaires et judiciaires".
Il y a toutefois des exceptions: vous ne devez pas filmer les victimes d'un crime ou d'un délit, ainsi que les personnes mises en cause à l'occasion d'une procédure pénale et qui ne sont pas encore condamnées. En plus, les policiers peuvent vous demander de "flouter" leur image malgré l'absence de contraintes légales à ce sujet.
2. Equipements
Pour ce qui est de la sécurité personnelle, un reporter-photographe qui envisage de couvrir une manifestation doit porter un casque qui le protégera contre les projectiles volants comme les pavés, les fusées, les grenades lacrymogènes ou assourdissantes, voire les cocktails Molotov, etc. Un bonnet mis en dessous du casque permettra d'amortir davantage les chocs avec des pierres.
Manif Paris, 1e mai: photographe très protégés. pic.twitter.com/X6MiK4Mcgd
— Luc Peillon (@l_peillon) 1 mai 2016
Songez aussi à mettre un masque à gaz, une paire de lunettes de ski ou de snowboard pour protéger vos yeux et une écharpe pour protéger le cou.
[GALLERY] #RENNES TENSION ET MANIF SAUVAGE AUTOUR DU QUARTIER ST-ANNE by Jean-Eric MALLET • https://t.co/hpCIUl6A3v pic.twitter.com/rIZEexQu6d
— TARANIS NEWS (@TaranisNews) 15 mai 2016
3. Vêtements
Quant aux vêtements, il vaut mieux opter pour des chaussures de sport en cuir, deux pantalons épais et larges destinés à vous protéger contre de possibles éclats métalliques et plastifiés sans entraver votre mobilité.
Un photographe à la manif du #1ermai! #TotalLook @LouisWitter pic.twitter.com/RFX3yBhnKS
— Cedric Lamarche (@Vanigoro) 2 mai 2016
D'ailleurs, la meilleure option est d'éviter les situations où vous en aurez besoin.
4. Sac
Votre sac protégera votre dos contre les projections venant de l'arrière, servira de support au matériel de tournage et abritera votre "kit de survie" (batteries, adaptateurs, câbles, trousse de secours, vivres, équipements de protection, etc.). Néanmoins, porter un sac surchargé est très fatigant et il faut en tenir compte.
Le petit kit photographe du parfait reporter de manif! À toute à l'heure #NuitDebout @RennesDebout 💃 pic.twitter.com/kZM14r6HYQ
— Bomber (@Bomber_alter1fo) 5 avril 2016
5. Trousse de secours
Parmi les produits à mettre en priorité dans la trousse, il faut surtout se munir de désinfectant, de bandages et de compresses.
Un Photographe touché par un #flashball à la manif de #Nantes #manif9avril #40avril #CRS #police pic.twitter.com/I8b7rizMXJ
— M@r!oN Vacca PhoToGR (@Marionvac_photo) 10 avril 2016
Mais s'il y a un risque que cela va "chauffer" pendant la manifestation, prenez aussi des médicaments antidouleurs, anti-inflammatoires, antibiotiques et des antidotes.
Manif à #Paris: quelqu'un a-t-il des nouvelles de ce photographe blessé à la tête, hier, par un jet de bouteille? pic.twitter.com/3Ivmr0Ul0P
— Paul Conge (@Aboutperls) 29 avril 2016
6. Bons gestes à adopter
Pour prévenir une perte de sang importante en cas de blessures graves, il faut éviter de manger dans les cinq à six heures précédant l'événement, mais se nourrir en quantité les jours précédents.
Pendant la manifestation, vous devez toujours rester vigilants pour anticiper des changements brusques de la situation et avoir le temps d’éviter des projectiles arrivant du dessus, de devant et de derrière.
Manif #17mai, Nantes.
— Magdala Schlokhoff (@magdalakoff) 17 mai 2016
Bravo au photographe. pic.twitter.com/DobF8LHlHl
il vaut mieux que les manifestants et la police vous identifient comme un reporter. Mettez un sigle TV ou PRESSE sur votre casque et votre sac même si vous n'avez pas de carte de presse.