Mme Ghutay travaille comme traductrice-interprète dans un bureau de police chargé des immigrés. Le bureau est situé dans la région d'Oslo
"Je me rends chaque jour dans des camps de réfugiés dont le sort est décidé sous mes yeux. La plupart d'entre eux sont Afghans", raconte l'interprète.
Ces "centres d'accueil" sont des "endroits où les réfugiés sont tués moralement, où ils sont humiliés et punis".
"J'ai compris que je ne pouvais plus le regarder tranquillement. Etant mère, je ne pouvais plus me taire en voyant les enfants souffrir. Je me suis adressée aux journalistes norvégiens et ukrainiens de ma connaissance qui travaillaient à la BBC, j'ai contacté les médias afghans présents en Norvège, mais personne n'a voulu évoquer ce sujet. Ils craignent de perdre leur travail et refusent donc d'écrire quelque chose qui puisse mécontenter l'Europe. On finit donc par avoir un tableau déformé", affirme Mme Ghutay dans sa lettre.
Recontactée par Sputnik, Mme Ghutay a également accordé une interview à l'agence dans laquelle elle a évoqué la vie dans un camp de réfugiés en banlieue d'Oslo.
"De nombreux adolescents sont gravement malades, mais ils ne reçoivent pas les soins nécessaires. Un garçon atteint de tuberculose y vit depuis sept mois. Il tousse du sang, mais les médecins norvégiens ne lui apportent aucun secours. Ses souffrances sont atroces, et les personnes qui l'entourent le pensent incurable. Deux autres garçons ont des jambes cassés après avoir été battus par des policiers sur leur chemin depuis la Bulgarie. Nous avons demandé de leur apporter une assistance médicale, mais les autorités norvégiennes ont répondu: «Vous devez attendre cinq à six semaines». L'aide médicale n'est accordée que deux mois après avoir été sollicitée", a déclaré l'interlocutrice de l'agence.
Elle a souligné que les réfugiés afghans sont les seuls à faire l'objet d'une telle attitude. Les réfugiés syriens sont traités plus humainement.
"Les autorités norvégiennes forcent les réfugiés musulmans à manger une nourriture interdite par leur foi religieuse. Si quelqu'un refuse, il est nourri de force. La plupart des habitants du camps portent des chaussures déchirées", a conclu Mme Ghutay.