"Apis mellifera mellifera" a une valeur patrimoniale, écologique mais aussi économique, ont-ils expliqué mardi lors d'une conférence de presse.
Or elle souffre, comme ses congénères, de l'essor de l'agrochimie, des monocultures, des maladies et autres champignons.
Elle subit aussi l'impact de dizaines d'années d'importation d'autres types d'abeilles, vues comme plus productives.
"Il a fallu un million d'années pour former les 29 sous-espèces d'abeilles, et en 50 ans, on les homogénéise!", déplore Lionel Garnery, chercheur spécialiste de la génétique des abeilles au CNRS, estimant qu'"on crée des cocktails explosifs en important des abeilles du monde entier".
Leur but: maintenir la diversité, mais aussi former des apiculteurs, et réhabiliter l'abeille noire.
Sous-espèce rustique qui a su traverser deux glaciations, elle sait s'adapter aux climats, se débrouiller sans l'aide de l'homme et butiner sur de vastes zones grâce à ses capacités de vol, soulignent-ils, pointant aussi la plus grande longévité des ouvrières.
Aujourd'hui, des apiculteurs en demandent, mais il n'y a pas de vraie filière d'élevage pour y répondre, regrette M. Garnery, qui craint "que l'on commette les mêmes erreurs qu'il y a 40 ans avec les bovins".
Ouessant en revanche accueille 100% d'abeilles noires. Mais le conservatoire local, créé il y a 30 ans, s'alarme de l'installation de ruchers hybrides juste à côté, sur l'île de Molène.
L'ONG Pollinis, membre de la Fedcan, a porté au secrétariat d'Etat chargé de la Biodiversité un projet d'amendement visant à protéger cette abeille. En vain, explique Nicolas Laarman, délégué général de Pollinis, qui compte se tourner vers le ministère de l'Agriculture puis Bruxelles.