L'appât du game: la France reconnait officiellement l’eSport

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Mardi, les sénateurs se sont prononcés en faveur d’une série de mesures légalisant l’organisation de tournois d’eSport en France.

La veille, ils adoptaient un amendement du gouvernement qui permet la création d'un contrat de travail spécifique au joueur professionnel de jeux vidéo Plus tôt encore, Bercy nous dévoilait la naissance de l'association eSport. Comme l'a rappelé Axelle Lemaire, secrétaire d'Etat au Numérique, il faut « faire de la France un leader du sport électronique, comme la Corée du Sud, la Suède, l'Allemagne, les Etats-Unis ou le Canada ». Pourquoi l'Etat s'intéresse-t-il tant sport électroniques? 

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Dans le cadre du Projet de loi pour une République numérique, la pratique du jeu vidéo en compétition est en train de changer. Depuis janvier, le sénateur Jérôme Durain et le député Rudy Salles ont la lourde tâche, à la demande du premier ministre Manuel Valls, de rendre les compétitions d'eSport légales en France. Et les choses s'accélèrent dernièrement: lundi, le Sénat a adopté un amendement du gouvernement qui permet la création d'un contrat de travail spécifique au joueur professionnel de jeux vidéo. Mardi, les sénateurs doivent adopter plusieurs mesures afin d'encadrer ces compétitions. Car jusqu'à présent, les compétitions ne sont pas reconnues par la loi, ce qui pose problèmes: notamment en terme de rémunération pour les joueurs. Et l'image de la France est en jeu, car comment faire venir des champions internationaux dans un pays où la discipline n'est pas reconnue officiellement? Rudy Salles, député des Alpes-Maritimes et adjoint au Maire de Nice, nous explique ce qui va changer:

« Maintenant les joueurs vont pouvoir disposer d'un vrai statut et toucher une véritable rémunération, à l'instar de ce qui se passe pour les sportifs. Jusqu'à présent la plupart des joueurs étaient des autoentrepreneurs, et au-delà d'un certain montant, on ne pouvait pas les payer et donc ils étaient obligés d'avoir des contrats spécifiques de promotion, d'activités qu'ils ne faisaient pas en réalité, uniquement pour pouvoir être rémunérés. D'autre part, comme l'activité n'existait pas, il était difficile d'organiser de grandes compétitions en France, en faisant venir des champions du monde entier, parce que lorsqu'ils demandaient un visa, justement parce qu'ils étaient champions de jeux-vidéos, on leur disait que cette activité n'existait pas et on ne pouvait pas donner de visa. Donc, on sort aujourd'hui de cette impasse et on permet à cette activité, enfin, de se développer dans notre pays, comme c'est le cas dans d'autres pays, je pense en particulier à la Corée du Sud, aux Etats-Unis ou la Chine ».

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Est-ce que l'eSport va sortir la France de la crise? Les pouvoirs publics ont réagi face à cette activité dite « nouvelle ». Enfin, qui se développe depuis maintenant 20 ans mais qui n'a pas encore déployé toutes ces capacités. Règlementer les compétitions permettra de souligner les intérêts économiques, culturels ou touristiques, certaines compétions européennes pouvant accueillir jusqu'à 100 000 personnes. Avis aux intéressés: à Nice, Rudy Salles a également l'intention de développer des compétions d'eSport d'envergure. Rappelons que le sport électronique en France, c'est 2.87 milliard d'€ de chiffre d'affaires en 2015, 600 entreprises réparties entre studios, éditeurs, distributeurs et constructeurs, 5 000 emplois directs et 20 000 indirects:

« Quand le 1er ministre m'a confié cette mission il y a quelques mois, il l'a fait parce que j'avais fait il y a deux ans, un rapport budgétaire sur les jeux vidéo. Et je m'étais rendu d'une chose, c'est que la France avaient de très grands talents, de très belles entreprises dans le jeu vidéo, mais à cause de lois qui n'étaient pas adaptées, et bien la France a perdu 10 000 emplois en 10 ans, alors que le Québec en a créée 20 000 sur la même période ».

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La mise en place de cette législation s'est heurtée aux habituelles idées reçues. La priorité étant de règlementer, le sénateur et député ont rencontré une multitude d'acteurs du secteur des compétitions de jeux vidéo, y compris des psychologues. Car en effet, le jeu vidéo n'a pas une bonne image, résultat d'une totale méconnaissance: en témoignage encore la récente déclaration de Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France, qui met sur un pied d'égalité alcool, «drogue et jeux vidéo, comme responsables du décrochage scolaire.

« Je crois qu'il y avait des réticences de tous les côtés, parce qu'il y avait beaucoup d'incompréhension et beaucoup de méconnaissance. En fait, les pouvoirs publics ne connaissaient absolument pas le phénomène des compétitions de jeux-vidéos, et pensaient avoir à faire à un phénomène qui n'a strictement rien à voir. Je peux vous dire que je n'ai vu aucune violence ni parmi les joueurs, ni parmi le public, bien au contraire. On a d'ailleurs auditionné des psychologues qui sont venus nous dire qu'effectivement il n'y avait pas d'addiction, il n'y avait pas de violence chez les jeunes qui jouaient aux jeux vidéo. Tout cela était conforté par un certain nombre d'experts venus s'exprimer devant nous. […] Je suis allé voir des compétitions, j'ai vu les jeunes qui participent à ces manifestations, ce sont des jeunes très bien, des gens respectueux et je trouve que c'est bien de pouvoir répondre à cette demande ».

La semaine dernière, Bercy annonçait la création de l'association eSport, à qui le ministère apporte son soutien mais qui est indépendante. Elle regroupe dix associations du secteur, qui ont pour but de développer le sport électronique en France. Si l'eSport n'est pas un sport à part entière, est-ce que cette association pourrait devenir à terme une fédération? A voir, selon le sénateur Jérôme Durain.

« Cela faisait partie des questions qui nous étaient posé dans le rapport que l'on a remis au gouvernement, à Axelle Lemaire. La fédération sportive en tant que telle, est-ce que c'est l'idéal que l'on doit rechercher pour le secteur de l'eSport? Je ne suis pas certain. Ce qu'il faut surtout, c'est que l'on ait une instance où l'ensemble des parties prenantes du secteur, l'ensemble des associations d'éditeurs, d'organisateurs de compétitions, des joueurs, puissent se retrouver. Est-ce que cela doit évoluer encore vers quelque chose de plus structuré? C'est déjà un premier pas, on va voir comment on fait fonctionner tout ça, on a plein de choses nouvelles ces jours-ci: cette association, les propositions qu'on a formulé sur le statut des compétitions et sur le contrat de travail. On va déjà essayer de faire fonctionner tout ça, et obtenir les derniers visas parlementaires pour que la loi s'applique, que les décrets soient publiés. Je pense qu'il faut déjà faire fonctionner ce petit système et on verra ensuite comment aller plus loin si c'est nécessaire ».

Le but de cette vaste manœuvre gouvernementale, aider les gamers qu'ils soient pro ou amateurs, lorsqu'ils s'affrontent en compétition car jusque-là les rencontres ne bénéficiaient pas de cadre légales, et aider ceux qui veulent en faire une activité professionnelle, en leur garantissant un contrat de travail et une rémunération. Une « reconnaissance officielle » pour les 850 000 joueurs amateurs ou professionnels en France. Et la partie n'était pas gagné d'avance, Rudy Salle confie: « C'est vrai que c'était difficile de parler d'eSport devant le ministre des Sports, qui refusait cette appellation. Mais on lui a dit que ce n'était pas nous qui l'avion inventé, elle existe sur le plan internationale. Ce n'est pas la peine de l'ignorer ».

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

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