L’opposition au projet de loi El-Khomri verse dans la violence

© SputnikAffrontements entre casseurs et forces de l’ordre, place de la Nation
Affrontements entre casseurs et forces de l’ordre, place de la Nation - Sputnik Afrique
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Des manifestations contre la loi travail du 28 avril, on retient principalement la violence. Un de nos journalistes s’est mêlé au cortège parisien et témoigne de la détermination des casseurs présents en nombre. 214 interpellations et 78 policiers blessés, dont trois très gravement, le bilan est éloquent.

Nous étions dans le cortège parisien au milieu de la foule de la manif unitaire contre la loi El-Khomri. Quelques dizaines de milliers de personnes, parties de Nation pour rallier la Place Denfert-Rochereau, mais à mi-parcours les choses dégénèrent: boulevard de l’hôpital, peu avant le pont d’Austerlitz, rien ne va plus, des centaines d’individus cagoulés s’en prennent aux forces de l’ordre: leur jetant bouteilles, pavés et… extincteurs. Deux agents de police sont alors hospitalisés dans un état critique. Un évènement grave qui précipite l’intervention des CRS. À partir de ce moment, les heurts vont continuer… pendant tout le reste du parcours!

Tout au long de ce périple — avenue Daumesnil, puis boulevard Diderot et enfin place de la Nation — les dégradations nous apparaissent évidentes et nombreuses: les vitres des arrêts de bus et des panneaux publicitaires sont systématiquement brisées, les poubelles renversées, les ordures dans certains cas brûlées – ce qui a nécessité l’intervention des sapeurs-pompiers. Certaines devantures de magasins sont détruites.

© SputnikDestructions boulevard Diderot
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Destructions boulevard Diderot

 

Le cortège suit de près ces individus qui n’arborent pas de couleurs syndicales ou de signes distinctifs – mis à part quelques fanions rouge et noir, par-ci par-là. Sur la place de la Nation, changement d’ambiance! Plus une seule banderole – ou presque – celles-ci s’éclipseront rapidement de la place qui n’est plus occupée que par les cordons de police et de gendarmerie qui la ceinture et… ces 2 à 300 individus – n’ayant pour seule intention que d’en découdre avec les forces de l’ordre – et qui pendant plus d’une heure vont harceler la police, mettant à l’épreuve un à un les éléments du dispositif de sécurité qui boucle la place.

© SputnikDestructions boulevard Diderot
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Destructions boulevard Diderot

Contre les insultes, les jets de projectiles — bouteilles, pierres et morceaux d’asphalte — les CRS répliquent prudemment par des tirs de grenades lacrymogènes. Pas de charge, pas de contact avec les casseurs, qui se regroupent régulièrement en retrait pour s’appliquer du sérum physiologique contre les effets du gaz lacrymogène. Vers 19 h, le cordon se resserre, en investissant la place de toutes parts, nouveaux échanges de projectiles. Même si les derniers éléments de la manifestation – il faut dire mêlés aux badauds – resteront contenus dans un encerclement hermétique des forces de l’ordre, pas de coups, pas de charges. On sent que les policiers et les gendarmes sont sous pression: il faut dire que les journalistes et photographes de presse sont quasiment aussi nombreux que les éléments perturbateurs auxquels ils se mêlent, des casseurs qui peu à peu partent vers le métro sous les cris de "Tous à République!".

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Affrontements entre casseurs et forces de l’ordre, place de la Nation

 

 

Des affrontements qui pour la place de la Nation auront mené à 21 interpellations, pour 9 policiers blessés, dont un qui a été hospitalisé en état d’urgence absolue, après avoir perdu connaissance.

Place de la République, où l’agitation perdurait déjà depuis la fin de matinée… avec notamment, des destructions de mobilier urbain. On peut voir sur une vidéo twittée, là encore des hommes cagoulés qui mette à terre un lampadaire doté d’une caméra surveillance. Des violences qui ne s’interrompront qu’avec l’évacuation de la place dans le courant de la nuit, jusqu’à 3 h 30)… une dispersion effectuée à coups de grenades lacrymogènes, qui aboutira à 27 Interpellations suivies de 24 mises en garde à vue.

Mais Paris n’a pas été la seule ville concernée par les incidents en marge des manifestations contre le projet de « "loi Travail". La plupart des grandes villes de France ont été les théâtres de scènes de violence. À Rennes, sur l’esplanade Charles de Gaulle ou lorsqu’une bombe artisanale a été lancée sur les policiers. Par ailleurs, l’UNEF a relaté qu’un étudiant a été grièvement blessé à l’œil par un tir de Flashball, le syndicat étudiant qui "exige" des forces de l’ordre qu’elle arrête de recourir à ces armes durant les manifestations.

 

​Tensions également à Nantes avec l’incendie de véhicules en face de l’hôtel de ville, mais aussi à Toulouse, Montpellier ou encore à Marseille où une soixantaine d’interpellations ont eu lieu, principalement à la gare Saint-Charles où les voies avaient été investies et suite à divers incidents sur la place de la Castellane.

​Si William Martinet, président de l’Unef, reconnaît la responsabilité des syndicats dans les débordements, estimant que plus aurait dû être fait pour sécuriser le cortège, avançant une "responsabilité collective", pour Olivier Besancenot, invité de France Culture, c’est le gouvernement qui aurait recherché les dérapages: l’ancien candidat à la présidentielle a notamment dénoncé une "stratégie gouvernementale", pointant du doigt le ministère de l’Intérieur et la préfecture de police, qui aurait par son dispositif et la présence d’agitateurs provoquée les violences. "Derrière les cagoules, des fois on a des surprises", a-t-il ajouté.Mais peut-on vraiment parler de sombre complot, lorsqu'on s'attarde sur le bilan de cette journée de "mobilisation"? Seulement 214 interpellations dans toute la France contre 78 blessés côté forces de l'ordre, dont 3 très grièvement à Paris, cela paraît cher payé pour d'hypothétiques manœuvres politiciennes.

​Au vu de ce bilan, du niveau de violence et de dégradations constaté, il paraît déplacé d'avancer que la police a eu la main lourde… à titre de comparaison, il y a presque trois ans, plus de 230 participants à la "manif pour tous" avaient été arrêtés et placés en garde à vue… et ce jour-là, il n'y avait eu aucun blessé dans les forces de l'ordre.

Depuis le début du mouvement de protestation contre le projet de loi El-Khomri, début mars, tout comme celui de "Nuit Debout", le nombre d'interpellations, peut apparaître élevé: 1.961 d'après le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. Un bilan qui est pourtant à relativiser par rapport aux nombre conséquent de personnes impliquées ainsi qu'au regard des nombreuses dégradations et violences qui ont entaché ces manifestations. C'est notamment le cas aux alentours de la place de la République, que le mouvement « Nuit Debout » continue d'occuper depuis fin mars avec l'autorisation de la Préfecture de Paris, et ce malgré les plaintes des riverains et les demandes d'évacuation émanent des maires de plusieurs arrondissements de la capitale, dont les maires socialistes Rémi Féraud et François Vauglin, respectivement maires du Xème, XIème arrondissements. Le tout, alors que nous sommes censés être en plein état d'urgence. Un état d'urgence qui avait justifié l'interdiction de plusieurs manifestations en début d'année.

Ce dimanche, à l'occasion du 1er mai, les syndicats ont appelé à une nouvelle journée de mobilisation unitaire contre le projet de loi Travail: le cortège parisien rejoindra, comme jeudi dernier, la place de la Nation! Devons-nous nous attendre au même spectacle que le 28 avril?

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

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