Malgré le désir du Congrès des Etats-Unis de rompre la dépendance envers les moteurs de fusée russes RD-180, le refus de les acheter pourrait avoir des conséquences plus sérieuses que les fonctionnaires américains ne le supposent, rapporte National Interest citant les analystes du Lexington Institute.
Renoncer aux moteurs russes peut être risqué, ce qui n'est pas uniquement lié au fait que cette décision imposerait aux contribuables un fardeau financier, estiment les experts.
Premièrement, le prix des satellites clés augmenterait considérablement. Les moteurs russes sont utilisés dans les fusées-porteuses de la famille Atlas, qui constituent l'ossature du programme spatial américain. La fusée de type Delta pourrait représenter une alternative, mais un lancement de cette fusée coûte trois fois plus cher, ce qui signifie des milliards de dollars de financement supplémentaire.
Deuxièmement, la mise des satellites sur les points clés de l'orbite pose problème. Cela concerne principalement les satellites utilisés pour alerter des attaques de missiles et d'autres besoins militaires. Ces appareils sont généralement très lourds et les lanceurs de la société américaine SpaceX ne sont pas capables de les placer sur des orbites hautes.
Troisièmement, il faut du temps pour créer de nouvelles fusées. Ayant renoncé à l'Atlas, le Pentagone devrait construire de nouveaux lanceurs Delta dont l'élaboration n'était pas prévue. Cela exige non seulement de nouvelles ressources financières, mais aussi de la patience, car personne ne sait quand ces nouvelles fusées seront prêtes. Finalement, ceci empêchera les Etats-Unis de lancer des fusées quand le pays en aura besoin.
Et, quatrièmement, l'interdiction des moteurs russes pourrait, ironiquement, gêner le Pentagone dans sa surveillance de l'activité militaire de la Russie. "Un problème des +Delta+ est que les Etats-Unis n'auront pas la possibilité de mettre en orbite des satellites avertissant d'une attaque de missiles et des satellites espions.
Les moteurs russes RD-180 sont utilisés par la fusée Atlas V qui effectue des lancements pour l'Armée de l'air américaine et les missions scientifiques de la Nasa.
Auparavant, le chef du Pentagone Ashton Carter a déclaré que le département américain de la Défense pourrait avoir besoin d'acheter encore 18 moteurs russes RD-180 dans les six années à venir pour lancer des satellites militaires en raison de l'absence de l'alternative digne.
En 2014 à l'initiative du sénateur John McCain, le Congrès américain a appelé à renoncer aux moteurs russes et à accélérer le développement des moteurs américains. Cependant cette interdiction a été levée dans la loi de finances en vigueur jusqu'à octobre 2016.