Cette année, 29 cachalots se sont retrouvés sur les plages de la mer du Nord. Les résultats de l'autopsie de 13 d'entre eux, ceux retrouvés non loin de la ville allemande de Tönning, dans le Schleswig-Holstein, ont montré que leurs estomacs étaient pleins de déchets plastiques. Un filet de pêches de 13 mètres, un morceau de plastique de 70 centimètres (provenant d'une automobile) et d'autres ordures avaient été avalées par hasard par les animaux qui pouvaient les considérer comme de la nourriture.
"Les données attestent des conséquences destructrices des actions de notre société centrée sur le plastique", a déclaré le ministre de l'environnement du Schleswig-Holstein Robert Habeck. "Les animaux dévorent du plastique, des ordures en plastique d'une manière non intentionnelle ce qui mène à leurs souffrances et, pire, à une mort de faim, leurs ventres pleins".
"Bien que les grands morceaux provoquent des problèmes évidents et bloquent leurs intestins, il ne faut pas négliger le rôle des morceaux plus petits qui peuvent souvent générer des problèmes chroniques chez les cétacés et pas seulement chez ceux qui se nourrissent en avalant", ajoute Nicola Hodgins, représentant de l'organisation pour la protection des baleines et des dauphins, cité par le Guardian.
Ces créatures gigantesques et intelligentes, farcies de nos déchets, sont pour le moins symboliques dans le contexte des relations d'inégalité homme-cachalot. Et le fait que ce dernier dispose du plus grand cerveau parmi tous les animaux ayant jamais vécu ne fait qu'accentuer cette inégalité.
Malheureusement, de telles histoires ne sont pas nouvelles, bien que l'ampleur de la récente tragédie soit stupéfiante. Et face à bien des déclarations sur le respect et l'amour des animaux, cette indifférence envers leur sort est abominable.
Les gens tendent à se féliciter pour avoir cessé de chasser la baleine et la plupart des espèces. Entre-temps, des milliers de cétacés se trouvent menacés ou meurent à cause de la contamination créée par nos propres actions.
Et c'est alors qu'à l'époque, des baleiniers américains et britanniques se lançaient dans les mers du sud en quête du blanc de baleine, ou spermaceti, cette substance présente dans la tête de certains cétacés et utilisée pour illuminer jadis (à l'état liquide) les rues des principales mégalopoles, notamment pour faire des bougies et des produits cosmétiques.
Peut-être est-il donc temps de revoir nos comportements du quotidien s'ils s'avèrent si dévastateurs pour nos lointains cousins de la mer?